Dessins de silences

Le 18 mars 2019

Dessins de silences
Habib Dakpogan
Vénus d’ébène Editions (Bénin), 2017

J’ai passé le mois de février au Bénin, le pays de mon enfance, de mon adolescence et de mes premiers cris poétiques. Je souhaitais profiter de ce séjour pour prendre la température de la scène poétique actuelle. Je me suis donc rendue à la librairie Notre-Dame, celle que je fréquentais le plus souvent lorsque j’habitais à Cotonou et que j’étais en quête de littérature béninoise. Il m’a été difficile de trouver des recueils poétiques récents écrits par des auteur-e-s béninois-es. Mais je suis revenue notamment avec ces Dessins de silence d’Habib Dakpogan et c’est un véritable coup de cœur ! Cerise sur le gâteau, le jour où j’ai fait mes achats, il était lui aussi dans la librairie et j’ai ainsi pu avoir une dédicace !

Je ne savais absolument rien de cet auteur et ce n’est qu’après ma lecture que j’ai fait quelques recherches et que je me suis rendue compte qu’il était l’un des représentants phares de la littérature béninoise à l’heure actuelle, ce qui ne m’a pas étonnée ! Avant ce recueil poétique, Monsieur Dakpogan avait déjà publié deux romans et un recueil de nouvelles, comme vous pouvez le lire ici. Il est aussi musicien.

Dessins de silences est une oeuvre frappante, marquante, déroutante, et je ne sais par quel bout la prendre pour l’emmener vers vous. C’est un recueil composé de trois parties (trois Livres) qui pourraient tout à fait exister indépendamment les unes des autres, trois mini-recueils en un, en quelque sorte. C’est un recueil que l’auteur invite le lecteur à écrire. Car lire, c’est faire le livre, n’est-ce pas ? C’est un recueil qui mêle poèmes, dessins et textes calligraphiés. C’est une galerie d’images saisissantes, perturbantes, qui interrogent et qui caressent. J’ai été particulièrement touchée par le Livre 2 : Au dernier croissant, ne viens pas, mais voici quelques extraits piochés ici et là :

En passant au texte je cherche du sens ; jeu sombre du JE que je distance ; je veux mettre en danger l’idée du bonheur ; ne plus me contenter de lire comme le temps oscille et comme son métronome garde le résidu de la parole.

[…]

En passant au texte je m’éloigne de moi, je SUIS l’autre, moi l’être, moi le suiveur, et je trace au sol frais du firmament des sourates étoilées que seuls liront quelques enfants de toujours.

Dans ce recueil, il est beaucoup question de cheminement, vers soi, vers l’autre ; d’amour, de séparation, de mélancolie. Dans ce recueil, la lune et les papillons sont très présents. Cela a très certainement contribué à ce coup de cœur.

Pour autant, je suis restée un peu sur ma faim de poésie actuelle du Bénin. Il n’y avait pas grand chose en rayon à la librairie Notre-Dame. Peut-être aurais-je dû faire un tour à la librairie Buffalo aussi ? Toujours est-il que le deuxième recueil avec lequel je suis revenue ne m’a pas vraiment parlé. Je sais cependant que la scène poétique béninoise est bien vivante aujourd’hui. Tout d’abord, le slam est bien présent au Bénin. Quoi de plus normal puisque le slam, c’est le Bénin qui l’a inventé ! [Clin d’œil] Et cela fait déjà plusieurs années que j’entends parler de la talentueuse Harmonie Byll Catarya – qui a d’ailleurs publié le recueil Art-Mots-Nid Coup d’éclat ! – que je vous invite à découvrir à travers ce slam :

Mais d’autres auteur-e-s font également parler d’eux et ils étaient notamment présents à Livre Paris ce week-end.



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