Papillons de mots

Prague – Pont Charles et Château
Photo : Mariposa

Cela faisait de nombreuses années que je rêvais de passer une semaine à Prague au printemps. Le moment est finalement venu et je viens tout juste de rentrer d’un très beau séjour qui figure déjà au rang de mes souvenirs de voyage les plus chéris.

Pourquoi Prague ? Je ne sais pas vraiment. Peut-être d’abord pour Mucha et l’architecture art nouveau. Peut-être aussi parce que j’aime les villes traversées par un fleuve qui en devient un personnage à part entière. Peut-être enfin pour l’histoire et les légendes, celle du Golem entre autres. Et puis il y a évidemment Kafka et Kundera.

Dans tous les cas, Prague sonnait depuis plusieurs années à la porte de mon âme et dès que j’ai pu m’envoler vers elle, je l’ai fait.
C’est la première fois que je n’organise absolument pas un séjour, que je ne programme pas mes journées, que j’avais décidé de faire en fonction de mes envies et des opportunités qui se présenteraient, sans chercher forcément à tout faire, tout voir. Et c’est la première fois que j’apprécie autant un séjour, sans aucun regret, avec déjà l’envie de repartir dans le même état d’esprit, peut-être pendant l’hiver la prochaine fois.

Plan de la ville prêté par mon hôtesse Markéta
Mon fidèle compagnon de déambulation

J’avais décidé également de ne pas du tout avoir recours aux transports en commun (transferts depuis et vers l’aéroport mis à part évidemment) et j’ai passé une semaine à sillonner le coeur de cette ville à pied, du nord au sud et d’est en ouest. J’y ai pris énormément de plaisir.

C’est ce plaisir que je souhaite partager avec vous dans les jours et semaines à venir, à travers cette petite série de « déambulations pragoises » en prose poétique et peut-être en poésie, par quartier ou autre thème. On verra. Là aussi, je ne prévois rien. Je laisserai filer ma plume, comme j’ai laissé filer mes pas dans la ville. J’avais emporté un carnet dans lequel j’ai tenu un « journal » de voyage et c’est à partir de ce « journal » que je viendrai écrire ici.

En avant-goût, pêle-mêle, en vrac et pas dans l’ordre, voici un ensemble d’impressions générales sur cette ville qui m’a conquise :

– J’ai été surprise par le jour levé dès 4h30. A cette heure-là, il fait vraiment plein jour. Et la nuit tombe totalement peu après 22h.
– A Prague, j’ai retrouvé une habitude malaisienne : on se déchausse à l’entrée de tout lieu d’habitation.
– Pragoises et Pragois ont du style. Qu’ils soient chics et élégants, sportswear classe, vintage ou punk, il y a une certaine recherche vestimentaire dans la majorité des cas, et c’est très agréable.
Elles et ils deviennent très élégants quand ils sortent le soir. Et quand il s’agit d’aller à l’opéra, on sort les costumes, noeuds papillon et robes de soirée. Le spectacle est aussi bien sur scène que dans le public !
– Les Pragois sont les rois du design, de la déco et de la mode ! Il y a énormément de jolies vitrines et de showrooms de créatrices et créateurs talentueux dans la ville. La plupart des restaurants sont également décorés avec beaucoup de goût.
– Les Pragois roulent comme des dingues sur les grands axes de la ville. Je ne connais pas la limite de vitesse, mais ils étaient toutes et tous à bien plus de 50km/h !
– L’atmosphère est vraiment détendue dans cette ville et le mot « outgoing » semble avoir été inventé pour ses habitants.
– Ces derniers aiment être à l’extérieur, dans les parcs et les jardins, en terrasse de café. Ils disent avoir gardé l’âme bohème.
– On a une pleine sensation de liberté en déambulant de jour comme de nuit dans Prague.
– Les Pragois sont dingues de chiens et dingues de leurs chiens. Il y a d’ailleurs pas mal de crottes sur les trottoirs !!!
– Il y a énormément de petits kiosques de fleuristes un peu partout dans la ville et on croise régulièrement des passants portant des bouquets. Ils aiment les plantes et les fleurs.
D’ailleurs, celles que je glisse dans mes cheveux, même artificielles, m’ont attiré les sourires et regards souriants des petits et grands.
– Prague est une ville très verte. Elle compte énormément de parcs et jardins. En mai, beaucoup d’arbres sont en fleurs et ont réveillé mon allergie, alors que le printemps bordelais avait été clément avec moi jusque là. Mais ce séjour aura à jamais pour moi le parfum entêtant des marronniers en fleurs dans toute la ville.
– Pratiquement tout le monde trie ses déchets et il y a davantage de tri qu’en France. Le minimum consiste à séparer papier/plastique/déchets ménagers, mais j’ai vu jusqu’à cinq ou six conteneurs différents au niveau des points de collecte.
– Prague est très francophile.
– Les librairies sont légions dans tous les quartiers.
– Le métro, en tout cas pour ce qui est de la ligne A qui dessert le quartier où je résidais (Vinohrady) a été creusé en très grande profondeur. Cela donne le vertige lorsqu’on est sur les escalators à l’entrée ou à la sortie.
– La délicieuse atmosphère sur les grandes places et les axes les plus touristiques en fin de journée, avec l’arrivée des artistes de rue. Sur la Place de la Vieille Ville, certes, mais aussi sur Venceslas Square et Na Prikope.
– Les jolies couleurs que la lumière crépusculaire dépose sur les magnifiques bâtiments art nouveau de la ville.
– J’ai été surprise par le très jeune âge des adolescentes qui sortent non accompagnées d’adulte le soir et semblent se rendre en club/boîte de nuit.
– La magie de Prague by night, avec les bâtiments illuminés, la fête qui bat son plein au coeur de la ville, et apercevoir au coin d’une rue, au sommet d’un immeuble sur Venceslas Square, deux jeunes femmes qui se trémoussent lascivement au son d’une musique club.
– Prague est très cosmopolite et compte notamment une forte communauté vietnamienne.
– Quelle belle surprise de retrouver le Mexique à Prague au restaurant Las Adelitas du quartier Vinohrady (il y a deux autres établissements dans la ville, mais celui de Vinohrady est l’établissement historique et sa déco vient tout juste d’être refaite).
– Me laisser surprendre par mes pieds qui se dirigent tout seuls dans l’hypercentre de la ville au bout de quatre jours, sans plus aucun recours à mon plan !
– Le plaisir de redécouvrir, à chaque passage sur un axe, de nouveaux détails architecturaux ou rigolos. La ville est inépuisable !

Prague – Quais dans le quartier de Nové Mesto
Photo : Mariposa