Traduction personnelle de la citation de Gloria Steinem :
« Ce n’est pas parce qu’on a des cordes vocales qu’on devient automatiquement chanteur d’opéra. De même, ce n’est pas parce qu’on a un utérus qu’on devient forcément mère. »
(Et j’insiste sur le verbe « devenir »)
Il y a un tout petit peu plus d’un, j’accouchais de mon projet, longtemps en gestation, « Ventres, sons creux », assisté de Maya Mihindou. Recueil graphico-poétique sur mon absence de désir d’enfant :
Ventres, sons creux
Poèmes de Patricia Grange
Illustrations et maquette de Maya Mihindou
Ed. Vertébrale, octobre 2013
J’ai récemment eu l’occasion de parler de cet ouvrage lors d’un entretien accordé à Karfa Diallo pour Senenews. Au cours de cet entretien, nous avons parlé de mon travail poétique en général, de mes thèmes de prédilection, et des Ventres en particulier. Je suis ravie de partager cet entretien avec vous :
Lorsque j’ai écrit les premiers textes de Ventres, sons creux à partir de 2007-2008, je n’avais trouvé que très peu d’articles ou d’ouvrages traitant de cette question de l’absence de désir d’enfant. Et surtout, les témoignages directs étaient quasi inexistants. Tabou total. Omerta complète …
Lorsque cet ouvrage est devenu un projet éditorial et que nous avons commencé à travailler Maya et moi à sa conception, j’ai commencé à percevoir quelques signes de changement timides ici et là.
Mais force est de constater que depuis environ un an, et notamment depuis le début de l’année 2014, les choses commencent vraiment à évoluer. Il y a de plus en plus d’articles dans la presse écrite ou virtuelle, sur les blogs, les pages Facebook, anglophones mais aussi francophones, qui en parlent. Les témoignages abondent. Le chemin reste long vers le jour où on ne nous demandera plus systématiquement « Pourquoi ? » lorsque nous annoncerons notre absence de désir d’enfant, mais un pas de géant a déjà été fait : beaucoup de filles/femmes concernées osent en parler. (Du moins en Occident). Je suis très heureuse de participer à ce mouvement grâce à mon ouvrage.
Parallèlement, des sujets connexes sont abordés : contraception (je reviendrai très bientôt sur cet aspect), pression de l’entourage et pression sociale, regret de la maternité. Cela donne souvent lieu à des articles cocasses ou à des bandes dessinées. Il est souvent plus facile de traiter les sujets délicats sous un angle (faussement) humoristique.
Je vous conseille notamment ces deux articles :
– L’instant putassier – Les pousse-à-la-grossesse (ou comment claquer son bec à la fameuse pression)
– Si j’aurais su … sur le blog Tout va mieux
Je vous conseille également à nouveau le site Femme sans enfant de Catherine-Emmanuelle Delisle, qui réunit les femmes sans enfant par choix ou par circonstances de la vie, et qui publie régulièrement des témoignages, articles de femmes sans enfants.
Pour finir, je viens de découvrir le terme Otherhood qui donne son titre à un ouvrage de Mélanie Notkin. Le terme Otherhood – que je traduirais par Alternité – a été inventé en alternative à Motherhood, la maternité. Oui, j’aime ce mot Otherhood, parce qu’il renferme cet autre mot que j’affectionne tant, Autre, justement. Et ses dérivés : Alternative, Autrement, etc.
Mon ouvrage Ventres, sons creux est toujours disponible. Tout y est dit avec les tripes, du fond du ventre.
J’aime beaucoup ta citation de Gloria Steinem. C’est ce que je pense et ce qu’il est si difficile de dire à ceux qui croient que femme=mère. Et certainement ton recueil a fait avancer les choses…
Je regrette de ne pas avoir pu lire ton interview, la faute en est à mon ordi vieillissant.
Merci Monique, je ne sais pas si mon recueil a joué un grand rôle là-dedans, mais dans tous les cas, il participe à ce mouvement de témoignages et de brisure de silence depuis environ un an et j’en suis pleinement heureuse. Je suis tellement contente que les lignes bougent enfin un peu.
C’est dommage pour l’interview, j’espère que tu auras la possibilité de la visionner sur un autre appareil un de ces jours.