Papillons de mots

Alors que je devais avoir autour de dix ans, dans mon enfance béninoise, j’ai découvert, éblouie, le film « Ali Baba et les quarante voleurs » de Jacques Becker avec Fernandel et surtout les magnifiques démonstrations de danse orientale de la belle Samia Gamal qui jouait le rôle de Morgiane :

Samia Gamal dans Ali Baba Danse Orientale par Bolly-magic-world

Depuis, je suis fascinée par tout ce qui a trait, de près ou de loin, aux Mille et une Nuits et à la danse orientale. C’est le fameux extrait ci-dessus qui m’a conduite il y a quelques années dans un cours de danse orientale égyptienne baladi. Bon, je ne vais pas m’étendre sur le sujet, j’ai acquis les bases mais mon chemin n’est pas celui d’une danseuse orientale, loin de là !!!

Par contre, le week-end dernier, j’ai découvert dans un petit lieu bordelais, l’extraordinaire Alina, d’origine africaine comme moi, dont la passion pour la danse orientale est née en regardant « Ali Baba » comme moi et qui, contrairement à moi, est devenue une brillante danseuse orientale. Elle a également rassemblé autour d’elle quatre autres danseuses au sein de La Comédie Tribale, tribu de danse orientale et tribale ATS.

Samedi dernier, elles ont organisé un très bel hafla (rassemblement/réunion/fête) à Bordeaux avec d’autres danseuses :

La photo de fin de soirée ! Qu’elles sont belles et talentueuses, toutes !!!

La Danseuse

Par un jour, la cour du prince convia une danseuse
Accompagnée de ses musiciens.

Elle fut présentée à la cour,
Puis elle dansa devant le prince
Aux sons du luth, de la flûte et de la cithare.

Elle dansa la danse des étoiles et celle de l’univers ;
Puis elle dansa la danse des fleurs virevoltant dans le vent.
Et le prince d’être subjugué.

Il la pria de s’approcher.
Elle se dirigea alors vers le trône
Et s’inclina devant lui.
Et le prince de demander :

« Belle femme, fille de la Grâce et de la joie, d’où vient ton art ?
Comment peux-tu maîtriser la terre et l’air dans tes pas,
L’eau et le feu dans ta cadence ? »

La danseuse s’inclina de nouveau devant le prince et dit :

« Votre Altesse, je ne saurais vous répondre,
mais je sais que :

L’âme du philosophe veille dans sa tête.
L’âme du poète vole dans son cœur.
L’âme du chanteur vibre dans sa gorge.
Mais l’âme de la danseuse vit dans son corps tout entier. »

Khalil Gibran

Ce fut une très belle soirée ! J’ai adoré tous les tableaux proposés par La Comédie Tribale, le solo très fort d’Even Dew, le duo d’une puissance émotionnelle rare entre NoéLa (danse orientale tribale) et Karine (bharata natyam) et l’époustouflant solo au sabre d’Alina !

Even Dew

NoéLa et Karine

Et j’ai découvert aussi qu’une danseuse telle que NoéLa pouvait également être une talentueuse … peintre !

Ce soir-là, elle exposait ses tableaux signés NoéLa Drawings :

Choco Coeur

Diti Paon

Esma Ilhem

Gri-gri falasol

Kom ssa

La belle endormie

L’art dit neige (Géraldine)

Narcisse

Paris Cambre

Rouge désir

Verra

Les tableaux de NoéLa restent exposés au Tchai Bar toute la semaine (sauf ceux qui ont déjà été vendus). Ils sont proposés à des prix très abordables. N’hésitez pas à faire un tour et à craquer ! Profitez-en d’ailleurs pour savourer le tchai aux épices bien équilibrées de ce joli petit lieu bordelais:

Le Tchai Bar
49 Rue du Mirail à Bordeaux

***

Le serpent qui danse

Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de bohème,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon cœur !

Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal