« L’oreille ensemencée »

Le 19 mai 2013

Il y a quelques jours, j’ai croisé cette illustration accompagnée de cette citation sur Facebook

« Eu ouço-te meu amor, estás sempre no meu coração »
Ilustração e Pensamento de Ricardo Fonseca

« Je t’entends mon amour, tu es toujours dans mon coeur »
Illustration et pensée de Ricardo Fonseca
(Traduction en français par Mariposa)

J’ai été plus interpelée par l’illustration que par la pensée de Ricardo Fonseca (que je ne connais pas).

Ce dessin m’a fortement ébranlée. Car il a fait résonner un écho. Cette représentation d’un foetus au coeur d’une oreille, très poétique, m’a rappelé ce passage de l’ouvrage « Malentendus » de Bertrand Leclair. Cet extrait m’avait lui-même passablement troublée et vivement intéressée à sa lecture :

« (…) il faut comprendre qu’en français le mot parler vient du latin parabola, quand la définition exacte de la parabole est d’être un récit allégorique sous lequel se cache un enseignement secret. La parole est ce qui relie les hommes et leur fait partager un enseignement caché, qu’elle seule, la parole, véhiculerait. Mais la langue des signes aussi, évidemment, comme toute langue est parole, dans ce sens-là !
Alors, je vais peut-être loin mais … Tout de même ! J’en viens à me demander si la haine des sourds n’est pas sexuelle, si l’obscénité prêtée à la langue des signes par les puritains de la fin du XIXe siècle ne vient pas d’abord de cette dimension sexuelle de la parole. Dès la naissance, dès le berceau, la parole ensemence les entendants : si les petits enfants peuvent fermer les yeux, ils ne peuvent pas fermer les oreilles. Figure-toi qu’à force de chercher et de mettre en commun, avec des amis linguistes et historiens, nous avons retrouvé trace de cette dimension de l’oreille humaine ensemencée par la parole dans la plupart des civilisations, et parfois de façon ouvertement sexuelle. Pour les Dogons et les Bambaras du Mali, par exemple, l’oreille est explicitement un double symbole sexuel, le pavillon étant une verge et le conduit auditif un vagin. Et pourquoi ? Parce qu’il y a une analogie de la parole et du sperme, tous deux homologues de l’eau fécondante, dispensée par la divinité suprême. Et même dans la littérature catholique aussi on retrouve ça, tiens, donne-moi un papier, je te l’écris : « Réjouis-toi, Vierge, Mère du Christ, qui par l’oreille a conçu. »Si ce n’est pas une interprétation sexuelle … »

Voilà, j’avais juste envie de laisser ici une trace cet écho entre Ricardo Fonseca et Bertrand Leclair, et de le partager avec vous.



2 grains de pollen to “« L’oreille ensemencée »”

  1. Claire-Lise dit :

    Cet extrait de texte est effectivement très intéressant. L’oreille est un organe qui fascine beaucoup. Peut-être effectivement par sa dimension sexuelle…
    Pour les praticiens de l’auriculothérapie, elle représente le corps humain dans son entier. C’est dire l’importance qu’on lui prête.

    • Mariposa dit :

      Et bien, j’ai bien fait de poster ce texte ! Voici que tu m’ouvres d’autres horizons sur l’oreille !
      Je ne connaissais pas l’auriculothérapie, je vais faire des explorations dans cette direction ! Merci beaucoup !

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