Il y a un peu plus d’un an, je vous avais parlé ici de la refonte de mon projet Métisse. Et alors ?
J’achevais ma note en déclarant que je partais en quête d’une maison d’édition pour la nouvelle mouture de ce projet. Comme j’ai pu le dire ailleurs (et ici aussi peut-être), je travaille de plus en plus dans la lenteur. Il ne s’agit pas de paresse. Il s’agit d’abord et avant tout d’avoir le temps (je dois aussi payer mes factures, les poètes ne peuvent malheureusement pas vivre de poésie et d’eau fraîche), mais aussi de prendre le temps. Le temps du recul, de l’enracinement profond de la pensée et des mots, à rebours du tout-instantané du monde actuel.
Ceci dit, j’ai effectivement envoyé cette nouvelle mouture datant d’un peu plus d’un an à trois maisons d’édition. Au bout de trois ou quatre mois, deux m’ont simplement répondu que malgré les qualités de mon projet, elles ne le retenaient pas (je résume). Au bout de presque un an, la troisième m’a envoyé une réponse qui laisse davantage la porte ouverte, mais pour d’autres projets, cette maison ayant estimé que la version que j’avais envoyée composait un ensemble trop court, entre autres. Il est vrai qu’à l’époque, il n’y avait que dix-neuf textes. Mais j’estimais avoir dit ce que j’avais à dire en ces dix-neuf textes et qu’il n’était pas nécessaire de dire en dix poèmes ce que je pouvais dire en deux. Cependant, après avoir relu récemment cette version, je me suis dit que cette maison n’avait peut-être pas tout à fait tort.
D’autre part, il se trouve que j’avais à peine entamé ma quête d’éditeur que j’ai de nouveau été bouleversée par certains événements et certaines questions qui agitent notre monde, nos mondes, actuellement. Bouleversée parce que c’est en lien direct avec mon récit familial, mes récits familiaux. Plusieurs prises de conscience bien tardives m’ont étreint. J’ai replongé dans le travail généalogique réalisé par un de mes oncles paternels il y a bien des années. Je me suis mise en dialogue avec mes ancêtres. J’ai interrogé mes parents. De nouveaux poèmes ont surgi. D’autres ont commencé à balbutier. Métisse. Et alors ? accentue ses contours autobiographiques de petites histoires qui font l’Histoire.
Cela prend du temps. C’est douloureux et violent parfois. Mais c’est aussi guérisseur et lumineux comme toujours. Je pense achever cette nouvelle mue dans les prochaines semaines. J’ai décidé de me raisonner pour arrêter cette mouture à ce moment de ma vie, à ce moment de mes prises de conscience et questionnements (questions qui n’auront certainement jamais de réponse, mais qu’il est salvateur de se poser). Et je partirai en suivant à nouveau en quête d’éditeur, avec un recueil un peu plus fourni cette fois, mais pas trop cependant.
Je vous disais l’année dernière que ce projet existait également hors livre. A travers la mise en voix et chair Mes Tissages ; à travers le projet et la performance Capillotractée (ces derniers se sont bien étoffés au cours de cette saison). C’est toujours le cas. Il existe aussi à travers le triptyque d’illustrations que je vous présentais l’année dernière. J’ai décidé d’y ajouter des autoportraits, il s’agit, entre autres, de ceux que j’ai utilisés en image d’illustration pour la publication d’extraits sonores de ce projet sur ma page SoundCloud. Ces autoportraits deviendront peut-être des portraits que je retravaillerai avec un photographe le jour où j’aurai un éditeur :
Ce projet est quasi littéralement le projet de ma vie. J’espère pouvoir bientôt le partager avec vous. En attendant, je vous laisse en compagnie des trois extraits publiés sur SoundCloud :
[…] début de l’été, je vous annonçais ici que mon recueil poétique Métisse. Et alors ? entamait sa énième mue. Je lui ai consacré l’essentiel du temps libre que j’ai pu grapillé au cours de cette […]