Une traduction dans Jentayu 10 !

Le 30 juillet 2019

Et de 10 pour la sympathique revue Jentayu qui questionne l’avenir dans cette nouvelle publication.
« Un numéro consacré au(x) monde(s) de demain dans les littératures contemporaines d’Asie. Futur immédiat ou lointain, paradis fantasmés ou dérives cauchemardesques : quand réalité et imaginaire s’entremêlent et élargissent le champ des possibles. »

Tout comme les traductions que j’ai effectuées pour le numéro 9 autour de L’Exil, les traductions que j’ai proposées à Jentayu pour cette dixième édition sont liées à mon voyage à Singapour l’an dernier. En réalité, tout a commencé il y a trois ans, en 2016, lorsque Jérôme Bouchaud, directeur de publication de Jentayu, m’a proposé de traduire une micro-nouvelle de Noelle Q. de Jesus, autrice philippine vivant à Singapour, pour le numéro 4 de la revue autour de la thématique Cartes et Territoires. C’est ainsi que j’ai traduit Passport/Passeport, que j’ai fait la connaissance de Noelle et que j’ai eu un énorme coup de cœur pour les sublimes nouvelles de son recueil Blood. Recueil que j’ai par la suite décidé de traduire et traduction au cours de laquelle les liens tissés avec Noelle se sont resserrés. C’est donc tout naturellement que, lorsque j’ai décidé de retourner en Malaisie l’année dernière, je me suis d’abord arrêtée à Singapour pour enfin rencontrer en vrai cette femme formidable. Et c’est au cours de nos promenades et autres déambulations qu’elle m’a offert ce recueil bilingue tagalog/anglais de son ami Rofel G. Brion.

Kapag Natagpuan Kita/Once I Find You [Une fois que je t’aurai trouvé(e)] est composé de 60 poèmes, tous courts, voire très courts pour la plupart. Brion y évoque principalement la nature et la nature humaine. Ce sont des réflexions, des déclarations d’amitié, d’amour, de foi, des prières pour certains. Ce qui lie l’ensemble, c’est une sensation d’expectative. Le poète est convaincu que quelque chose, quelqu’un va arriver et il l’attend (ce qui transparaît déjà dans le titre du recueil). Cette conviction et cette attente relèvent de la foi. Le « you » (« vous/tu ») est d’abord minuscule puis devient un « You » majuscule.
Pourquoi ai-je fait le lien entre ce recueil et l’avenir ? Parce que ne serait-ce que le fait de formuler cet « à-venir », c’est penser/croire/être convaincu-e que quelque chose va arriver/exister et l’attendre.
C’est un très beau recueil qui m’a énormément touchée. Son style et son esprit m’ont énormément fait penser à Fernando Sylvan que j’ai traduit pour le numéro 6 de Jentayu ayant pour thème Amours et Sensualités. Brièveté, économie, simplicité, fluidité et images qui arrêtent, voire saisissent. Il est difficile de le poser une fois entamé. Il est captivant et on ne sait pas vraiment expliquer pourquoi. Il est parcouru d’un souffle qui vous retient.
Je suis donc ravie de pouvoir partager 4 poèmes de ce petit bijou avec vous. D’autant plus que cette fois-ci, en complicité avec l’auteur, nous avons préparé une petite surprise audio trilingue aux lectrices et lecteurs de Jentayu. C’est par là pour écouter Ombres, Puits, Frisson, Cela viendra.
Encore un immense merci à Rofel et Jérôme pour leur confiance !

Sur sa page Facebook, Jentayu indique que l’avenir est un « thème riche et, qui plus est, opportun, car il se trouve que l’avenir de la revue accapare actuellement nos pensées : quelle suite donner à ces dix premiers numéros et à ces bientôt quatre hors-séries (le quatrième est en cours de préparation et sortira à l’hiver) ? Des questions se posent, nous allons prendre le temps de la réflexion et nous ne manquerons pas de recueillir vos avis, qui compteront pour beaucoup dans la suite qui sera donnée à cette aventure… »

Il existe une infinité de lendemains possibles, comme l’indique l’édito qui invite à tourner les pages. Mais comme tout est possible, tournons d’abord celles du sommaire de ce joli numéro :

L’écrivaine taïwanaise Chang Hui-ching (張惠菁) est née en 1971 à Taipei avant de grandir dans le comté d’Ilan, sur la côte nord-est de Taïwan. De retour d’Écosse, où elle a suivi un programme de doctorat en histoire à l’université d’Édimbourg, et suite à la parution de deux recueils de ses nouvelles « Aversion pour le froid » (1999) et « Le matin de la fin du monde » (2000), elle se consacre essentiellement à l’écriture de sanwen, des textes en prose très courts basés sur des impressions personnelles, dont elle publie une dizaine de recueils entre 1998 et 2019. Après plusieurs années passées en Chine, Chang Hui-ching revient à Taïwan en 2017 et s’installe à Taipei, où elle vit actuellement.
Dans ce numéro 10, vous découvrirez sa nouvelle « La ville de verre » ainsi qu’un long entretien, traduits du chinois par Matthieu Kolatte et ses étudiants participant au cours FR 4051-1072 du département de français de la National Central University à Taïwan.

L’écrivain cambodgien Hang Achariya (ហង្ស អច្ឆរិយា) est né dans un camp de réfugiés en Thaïlande, sa vie est marquée très tôt par la guerre et la pauvreté. Il a écrit une vingtaine de nouvelles, dont sept ont été publiées ; parmi elles, « Bréviaire de l’amour », « Une terre en déshérence » et « Le sang des enfers ». On retrouve toujours les mêmes thèmes dans ses écrits : anormalité, étrangeté au monde, solitude, violence, misère, aspiration à l’amour. Il travaille actuellement à l’écriture d’un « grand roman ».
Dans ce numéro 10, vous découvrirez sa nouvelle « Je viens de l’horizon », traduite du khmer par Christophe Macquet.

L’écrivaine chinoise Tang Fei (糖匪) est née en 1983, a vu ses écrits publiés dans plusieurs magazines de premier plan, chinois (Science Fiction World, Jiuzhou Fantasy, Fantasy Old and New) et internationaux (Clarkesworld Magazine, Apex Magazine). Elle écrit aussi bien de la fantasy que de la science-fiction, des contes et du wuxia, mais elle aime surtout faire se chevaucher les genres. La traduction en anglais de sa nouvelle « Call Girl » a été retenue pour l’anthologie « The Year’s Best Science Fiction & Fantasy 2014 ». Elle réside actuellement à Pékin.
Dans ce numéro 10, vous découvrirez sa nouvelle « La voie de la liberté », traduite du chinois par Coraline Jortay.

Originaire du Kerala, l’écrivain indien Anil Menon est un auteur anglophone de fiction spéculative dont les nouvelles ont été publiées dans de nombreux magazines spécialisés dont Albedo One, Interzone, Interfictions Online, Lady Churchill’s Rosebud Wristlet, Jaggery Lit Journal, Mithila Review et Strange Horizons. Certaines ont aussi été traduites en chinois, allemand, hébreu, hindi, tamoul, roumain, tchèque et français. Son premier roman pour jeunes adultes, « The Beast With Nine Billion Feet », a été sélectionné pour le Vodafone Crossword Award et le prix Parallax en 2010. Quant à son dernier roman, « Half Of What I Say », il a été sélectionné pour le Hindu Literary Prize en 2017.
Dans ce numéro 10, vous découvrirez sa nouvelle « Archipel », traduite de l’anglais par Patrick Dechesne.

Photo © The Hindu.

Auteur de langue anglaise, l’écrivaine malaisienne Saras Manickam donne des cours de langue et de création littéraire. Ses nouvelles ont été publiées dans diverses anthologies de littérature malaisienne. Elle s’est vu décerner le DK Dutt Memorial Award for Literary Excellence en 2017 et, tout récemment, le Commonwealth Short Story Prize en 2019 pour la région Asie. Sa nouvelle primée, intitulée « My Mother Pattu » (« Ma mère Pattu »), est disponible en ligne sur le site de la prestigieuse revue Granta. Elle travaille actuellement à son tout premier recueil.
Dans ce numéro 10, vous découvrirez son essai « Le laisserez-vous boire le vent ? », traduit de l’anglais par Brigitte Bresson.

Né en 1975, l’écrivain chinois Pan Haitian (潘海天) est diplômé en architecture de la prestigieuse Université de Tsinghua, à Pékin. Il appartient à la dite « troisième génération » d’auteurs chinois de science-fiction, à savoir celle qui s’est affranchie des définitions traditionnelles de la SF. Ses écrits oscillent habilement entre science, fantasy et fable. Parmi ses écrits les plus représentatifs, on compte « Cours, Dajiao, cours », qui relève du conte, « La Cité des Clones », qui est plus de la hard science-fiction, et la série fantasy des « Jiuzhou », dont il est l’un des principaux auteurs. Récompensé de nombreux prix, ses puissantes réflexions sur la nature humaine en font un auteur unique.
Dans ce numéro 10, vous découvrirez sa nouvelle « La terre sous nos pieds », traduite du chinois par Loïc Aloisio.

Vina Jie-Min Prasad est une auteure de Singapour qui travaille contre la « machine-monde ». Elle a été finaliste des prix Nebula, Hugo, Campbell, Sturgeon et Locus. Ses nouvelles ont été publiées chez Clarkesworld Magazine, Uncanny Magazine et Fireside Fiction.
Dans ce numéro 10, vous découvrirez sa nouvelle « Steaks en série », traduite de l’anglais par Patrick Dechesne.Photo © Nancy Xia Photography.
Né en 1956, diplômé en journalisme de l’Université d’État de Moscou et en littérature de l’Institut Maxim Gorky, les écrits de l’écrivain turkmène Ak Welsapar ont tout d’abord été très bien reçus, à l’image de son roman « Tête de Melon », récompensé en 1988 du Prix national. Mais ses travaux de journaliste d’investigation lui ont valu en 1992 une année d’assignation à résidence, l’exclusion de l’Association des écrivains ainsi que l’interdiction de publier ses écrits au Turkménistan. Il s’est exilé en Suède en 1994 et il y réside encore aujourd’hui avec sa famille. Membre honoraire du PEN Club International, il écrit aussi bien en turkmène qu’en russe et en suédois. Parmi ses romans, toujours censurés au Turkménistan, on compte « Le Cobra », « La Légende d’Aïpi » et « La Vengeance des renards ».
Dans ce numéro 10, vous découvrirez des extraits de son roman « Le Cobra », traduits du russe par Irène Imart.Photo © Erik Welson.

L’écrivaine chinoise Zhang Xinxin (张辛欣) a marqué les années 1980 en Chine, mais son parcours ne s’achève pas à l’automne 1988, date de son départ pour les États-Unis. Elle est à (re)découvrir, au-delà de ses publications de ces années-là et pour ses multiples autres facettes : scénariste, réalisatrice, photographe et graphiste. En France, seuls des textes des années 1980 ont été traduits, et même si les traductions sont relativement nombreuses (six titres parus chez Actes Sud entre 1987 et 1994), elles restent limitées à cette période. En décembre 2010 et janvier 2011, Zhang Xinxin a publié à Pékin une longue autobiographie en deux volumes intitulée « Moi ». Autobiographie en dialogue avec son mari, comme en miroir, dont la forme est celle d’un roman.
Dans ce numéro 10, vous découvrirez des extraits de sa récente novella « IT84 », traduits du chinois par Brigitte Duzan.
L’écrivain thaïlandais Chart Korbjitti (ชาติ กอบจิตติ) est déjà connu des lecteurs de Jentayu pour sa participation au hors-série numéro 2 consacré à la littérature contemporaine de Thaïlande. Né en 1954, Chart Korbjitti est l’un des meilleurs romanciers vivants du royaume, connu pour avoir par deux fois raflé le prestigieux SEA Write Award (en 1981 pour « La Chute de Fak » ; en 2004 pour « Sonne l’Heure », tous deux publiés aux Editions du Seuil), sans parler d’une somme picaresque sur les hippies, « Chiens fous » (chez Asphalte), et des nouvelles incisives et percutantes, dont « Le couteau personnel ». Nommé Artiste national en 2004, traduit en une demi-douzaine de langues, il s’auto-publie. Depuis des décennies, il a une influence séminale sur les écrivains en herbe, notamment par les stages d’écriture qu’il offre dans son mas à l’entrée du Nord-Est.
Dans ce numéro 10, vous découvrirez sa nouvelle « Notre avenir », traduite du thaï par Marcel Barang.

Déjà connue des lecteurs de Jentayu pour sa participation au numéro 3 « Dieux et Démons », l’écrivaine chinoise Xia Jia (夏笳) est née à Xi’an en 1984 et est physicienne de formation. Avec Tang Fei, elle est l’une des auteures de science-fiction les plus prometteuses de sa génération et l’une des rares figures féminines d’un genre où les auteurs sont pour une écrasante majorité des hommes. Xia Jia est aussi vidéaste, et a par exemple tourné un film expérimental de science-fiction, « Parapax », dans lequel elle tient aussi le rôle-titre. Elle puise son inspiration aussi bien dans les récits fantastiques chinois classiques que dans l’esthétique cyberpunk des années 1980-90.
Dans ce numéro 10, vous découvrirez sa nouvelle « La marche nocturne du cheval-dragon », traduite du chinois par Gwennaël Gaffric.

Le poète philippin Rofel G. Brion est professeur d’études interdisciplinaires, de littérature et de création littéraire à la Ateneo de Manila University, aux Philippines. Son premier recueil de poèmes, « Baka Sakali » (« Maybe by Chance ») s’est vu décerner le Philippines National Book Award en 1981. Depuis, il a publié quatre autres recueils. Il a été convié à plusieurs festivals littéraires internationaux, et notamment au Festival international de Berlin en 2005 et au Mildura Writers Festival en 2009.
Dans ce numéro 10, vous découvrirez ses poèmes « Ombres », « Puits », « Frisson » et « Cela viendra », traduits de l’anglais par Patricia Houéfa Grange.
Le poète taïwanais Lo Ch’ing (羅青) est né en 1948 à Qingdao, dans la province chinoise du Shandong. Arrivé avec ses parents à Taïwan en 1949 dans le sillage de l’armée nationaliste, il a grandi à Keelung, un port du nord de l’île. Initié très tôt à la littérature classique, à la poésie des Tang et des Song, ainsi qu’à la peinture, il se rend à Seattle pour étudier la littérature comparée à l’université de Washington. L’un des pionniers de la poésie dite « post-moderne » à Taïwan, il crée aussi une nouvelle peinture à l’encre fondée sur la poésie contemporaine. Tissant des liens entre paysages traditionnels et contemporains, poésie traditionnelle et vers libres écrits en langue moderne, il brosse le portrait du monde qui l’entoure, qu’il rêve meilleur, inquiet face à la modernisation trop rapide à ses yeux des sociétés « post-industrielles ».
Dans ce numéro 10, vous découvrirez ses poèmes « L’ascension de la tour de guet du continent U », « Le navire déserté dérive à sa guise », « Après l’arrivée des sociétés post-industrielles » et « Le monde de l’Internet », traduits du chinois par Marie Laureillard.
L’essai photographique retenu est l’œuvre du photographe indien Harikrishna Katragadda. Harikrishna est un photographe installé à Bombay dont les travaux explorent et interrogent les communautés, l’environnement et la mémoire individuelle. Se reposant sur une approche documentaire au long cours, il a recours à des méthodes photographiques alternatives et intègre dans ses images divers matériaux récupérés. Il est diplômé de l’Université du Texas, à Austin, et a commencé sa carrière journalistique à New Delhi. Ses travaux ont été publiés et exposés dans plusieurs pays. Fellow de la National Foundation for India, il a reçu, entre autres récompenses, le Invisible Photographer Asia Art Award 2018, une bourse India Habitat Centre Photosphere et le prix Media Foundation for India.
Dans ce numéro 10, vous découvrirez son essai « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ».
L’illustratrice taïwanaise Hsu Hui-lan (許惠嵐) est née à Taipei et a vécu en France de 2002 à 2016. Diplômée de l’Université nationale des arts de Taïwan, elle a travaillé pour une librairie d’art et une maison d’édition. Ses illustrations et son art du design visuel ont été présentés lors de différentes manifestations : « Les Yeux Ouverts » (concours de courts-métrages d’ animation en France), Festival OFF d’Avignon (pavillon taïwanais), Festival de la bande dessinée belge (pavillon taïwanais), etc. Elle aime la musique, la littérature et la cuisine et vit désormais à Taïwan.
Hsu Hui-lan a réalisé l’ensemble des illustrations originales de ce numéro 10. Elle est déjà connue des lecteurs assidus de Jentayu pour avoir co-illustré le premier hors-série consacré à la littérature taïwanaise contemporaine.
Voilà, nous sommes arrivés au bout du sommaire. Si vous souhaitez continuer à tourner les pages, c’est par .


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