Après la gourmandise de son numéro 5, la revue Jentayu nous emmène vers la luxure pour ce numéro 6 ! Deux péchés capitaux très cousins pour lesquels j’ai énormément de tendresse et d’intérêt, aussi bien en tant que poète qu’en tant que traductrice ! Autant vous dire que dès que j’ai lu l’appel à traductions il y a quelques mois, et pris connaissance de ce thème « Amours & Sensualités », j’ai tout de suite eu envie d’y participer ! Ma proposition a séduit la revue et j’en ai été comblée !
Vous pourrez donc lire, dans cette sixième édition, trois poèmes de Fernando Sylvan, homme de lettres du Timor oriental, que j’ai traduits depuis le portugais. Ce sont des poèmes sans titre, portant juste des numéros, extraits de son magnifique recueil, amoureux, sensuel et érotique, Mulher ou o livro do teu nome (« Femme ou le livre de ton nom ») :
Je reviendrai plus longuement, dans une prochaine note de blog, sur ma rencontre avec cet auteur et avec cet ouvrage. Mais vous dire déjà qu’il s’agit d’une oeuvre sublime, que toutes les femmes du monde rêveraient qu’on écrive un tel recueil pour elles, et qu’il a été extrêmement difficile de choisir 3 poèmes (sur les 101 que compte le recueil) pour traduction et publication dans Jentayu ! Pour aller un peu plus loin, j’ai également traduit des extraits d’un article d’Ana Margarida Ramos, consacré à Fernando Sylvan et à son oeuvre, que je vous invite à consulter sur le site de Jentayu.
Vous pouvez également découvrir deux extraits de poèmes ici et là.
En cette année 2017, Fernando Sylvan aurait eu 100 ans et le recueil Mulher ou o livro do teu nome a 35 ans. Je suis d’autant plus touchée que ces traductions paraissent pour célébrer ce double anniversaire.
Un vibrant « Muito obrigada » à Jérôme Bouchaud d’avoir accepté de publier mes traductions de ces poèmes dont la langue est aussi simple que frappante, hypnotique et envoûtante ! Sur la période où j’ai travaillé sur ces poèmes, j’ai souvent dormi avec le recueil. L’objet étant ancien et fragile (acheté à une bouquinerie de Lisbonne), beaucoup de pages sont désormais volantes ! Un seul mot pour décrire ma participation à ce numéro : JOUISSANCE !
Tel un néo kamasutra, ce sixième Jentayu propose un voyage à travers « les multiples formes » des arts amoureux en Asie. Mais en prélude à toutes ces extases, à ces jeux de l’amour « entre ombre et lumière », lisez donc le très bel édito en clair-obscur !
A présent, voici les 13 positions de l’été proposées par la revue. Chacun trouvera la sienne (j’ai repris les textes de présentation publiés sur la page Facebook de Jentayu) :
L’écrivain chinois Feng Tang (冯唐), né en 1971 à Pékin, est un auteur atypique. Gynécologue, titulaire d’un MBA américain, consultant chez McKinsey, puis directeur d’investissement dans un fonds chinois, ses romans ont fait de lui un nouveau trublion des lettres chinoises. Depuis le début des années 2000, il a publié deux trilogies : la première constituée de romans d’apprentissage autobiographiques qui l’ont rendu populaire auprès des jeunes citadins chinois, et la seconde revisitant le genre du roman érotique de la tradition chinoise. C’est une traduction d’un extrait du troisième volet de la première trilogie – intitulé Beijing, Beijing – que propose Jentayu dans ce nouveau numéro, dans une traduction inédite de Sylvie Gentil qui a traduit les deux premiers romans pour les Editions de l’Olivier.
Sylvie Gentil nous a malheureusement quittés avant la publication de ce numéro et Jentayu lui rend hommage dans son édito, en lui dédiant ce numéro, mais aussi à travers la voix de Brigitte Duzan.
Photo © Dana Lixenberg
La jeune poète birmane Mae Yway (မယ္ေယြး), née en 1991 à Myeik, un bourg côtier d’une île de la mer d’Andaman, dans le sud profond de la Birmanie, réside à Rangoon depuis l’âge de 10 ans. Ses poèmes sont régulièrement publiés dans des magazines et des anthologies depuis 2010. Son premier recueil Courier a paru en 2013, suivi de You & I, un recueil à deux voix avec la poétesse Cho Pain Naung publié en 2017. Dans les pages de Jentayu, vous retrouverez trois poèmes de Mae Yway traduits du birman par Nicolas Salem-Gervais.
Amanda Lee Koe est une jeune écrivain de Singapour primée à plusieurs reprises pour son premier recueil de nouvelles Ministry of Moral Panic (Epigram Books, 2013). En 2013, elle a participé au Programme international d’écriture de l’Université d’Iowa et s’est vu décerner une bourse PEN/Heim pour sa traduction en 2016 d’un roman de l’écrivain chinoise Su Qing (苏青). Elle collabore par ailleurs avec le magazine Esquire de Singapour et la revue Cinematheque Quarterly du Musée national de Singapour. Après avoir vécu à Pékin et Berlin, elle réside aujourd’hui à New York et travaille à son très attendu premier roman. Sa nouvelle Flamingo Valley publiée dans les pages de Jentayu 6 est traduite par Frédéric Grellier.
Sangeeta Bandyopadhyay (সঙ্গীতা বন্দ্যোপাধ্যায় ) est une écrivain indienne de langue bengalie. Née en 1974, elle a commencé dès l’âge de 13 ans à écrire de nombreux poèmes. Son premier roman, le controversé Shankini, a été publié en 2004, suivi en 2006 de Panty, lui aussi sans tabou et dont des extraits traduits par Marielle Morin sont proposés dans ce numéro de Jentayu. Ecrivain prolifique, Sangeeta en est aujourd’hui à 17 romans. Longtemps installée à Kolkata, elle a aussi travaillé comme chroniqueuse et critique de cinéma. Elle s’est récemment installée à Londres, en Angleterre, où ses romans Panty et Abandon ont été publiés par Tilted Axis Press.
Lin Yi-yun (林宜澐) est un écrivain taïwanais né en 1956 dans la ville de Hualien, sur la côte est de l’île. À ce jour, sept recueils de ses nouvelles ont été publiés, le premier en 1990, le dernier en 2014. Son premier roman, Tsunami (《海嘯》), est paru en 2013 et a été récompensé du prix du meilleur roman à la Foire du livre de Taipei l’année suivante. Lin Yi-yun est aussi connu comme éditeur et dirige actuellement la maison Weilan Wenhua, qui propose essentiellement des ouvrages traitant de l’histoire, de la culture et de la société taïwanaises. Sa nouvelle Cette nuit-là a été traduite par Matthieu Kolatte et ses 21 étudiants du cours FR 4051-1052 du département de français de l’Université nationale centrale de Taïwan.
Écrivain, poète et essayiste du Timor oriental, Fernando Sylvan est né en 1917 à Dili, et il est encore enfant lorsqu’il quitte son pays natal. Il a vécu presque toute sa vie au Portugal où il s’est éteint en 1993. Malgré la distance, le Timor occupe une place centrale dans son œuvre très vaste. Sa poésie est d’abord résistance et engagement, avant d’aborder la thématique amoureuse, en particulier dans Mulher ou o livro do teu nome (1982), dont vous découvrirez dans Jentayu trois poèmes traduits du portugais par Patricia Houéfa Grange. Fernando Sylvan est aujourd’hui une référence tutélaire pour les nouvelles générations d’auteurs timorais.
Djenar Maesa Ayu est romancière, nouvelliste, actrice, scénariste et réalisatrice indonésienne. Elle est connue pour ses travaux considérés comme provocateurs par certains critiques, sincères et courageux par d’autres. Elle ne laisse pas indifférent en son pays et ses écrits ont souvent été rattachés à la Sastra Wangi, cette « littérature parfumée » dont le succès populaire est lié à l’évocation de l’érotisme féminin. Elle est l’auteure de nombreuses nouvelles, dont certaines ont été traduites en français sous le titre À travers les glaces (Pasar Malam, 2011). Elle est récemment apparue dans le biopic consacré à Kartini, la grande héroïne féministe indonésienne. Dans les pages de Jentayu, vous découvrirez sa nouvelle intitulée Éclipse des yeux, traduite de l’indonésien par Laura Lampach.
Samrat Upadhyay (सम्राट उपाध्याय) est né à Katmandou, au Népal, mais installé aux États-Unis depuis l’année de ses 21 ans. Il est le premier auteur népalais écrivant en anglais à avoir été publié en Occident. Il enseigne aujourd’hui l’écriture créative à l’Université d’Indiana. En 2001, il s’est vu décerner un prix Whiting pour ses écrits de fiction, avant de remporter en 2007 le Asian American Literary Award pour son recueil The Royal Ghosts, dont vous lirez, dans les pages de Jentayu, la nouvelle éponyme, dans une traduction d’Amanda Sherpa-Atlan. Les livres de Samrat Upadhyay s’attachent à décrire la réalité du Népal d’aujourd’hui. Deux d’entre eux ont été traduits en français à ce jour : Dieu en prison à Katmandou (2003) et Le maître de l’amour (2005), l’un et l’autre publiés au Mercure de France.
Écrivain chinoise originaire de Shanghai et née en 1978, Ren Xiaowen (任晓雯) est l’une des représentantes d’une nouvelle forme narrative en pleine évolution en Chine, née de la tentative de renouveler l’écriture de la fiction en déconstruisant le roman, au-delà de la narration historique. Outre deux premiers romans publiés en 2008, ce sont surtout ses nouvelles publiées dans les années 2010 qui, avec leur série de portraits incisifs ne laissant qu’à peine sourdre l’émotion, marquent sa maturité littéraire et forment une sorte de Comédie humaine de la Chine moderne. C’est justement l’un de ces portraits, Tan Huiying, qui vous est proposé dans les pages de Jentayu, dans une traduction de Brigitte Duzan.
Baast Zolbayar (Баастын Золбаяр), écrivain mongol né en 1974 dans le sum de Chandmani, dans la province occidentale de Khovd, est diplômé en journalisme de l’Université nationale de Mongolie. Rattaché au journal Daily News entre 2000 et 2009, il est ensuite devenu conseiller en communication et relations publiques auprès du Parlement mongol, puis auprès du président du Parlement. Il est l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles et de poésie, dont Buten (2004), Buleen (2006), ou encore Bugeen (2012) dont est extraite la nouvelle Au bord de l’eau qui vous est proposée par Jentayu 6, dans une traduction de Marcel Barang. Zolbayar a reçu de nombreux prix pour ses écrits, dont le prix de l’Union des écrivains de Mongolie en 2009, et la Plume d’Or en 2012 pour son recueil Bugeen.
Né en 1938 à Taipei et mort à New York en juillet 2005, Guo Songfen (郭松棻) appartient au « groupe moderniste » de Taïwan avec Wang Wenxing, Bai Xianyong, Chen Ruoxi ou Li Yu, qu’il a épousée (et debout à ses côtés sur la photo ci-dessus). Devenu enseignant à l’Université de Taipei, il prend part à diverses activités théâtrales, critiques et cinématographiques. En 1966, il se rend aux États-Unis et obtient un diplôme de littérature comparée à Berkeley. Ses engagements politiques vont le rendre indésirable à Taïwan. Il finit donc sa vie en exil, en se consacrant à l’écriture. Sa novella Récit de lune, traduite par Marie Laureillard, a paru en 2007 chez Zulma Éditions. Dix ans plus tard, Jentayu vous propose, toujours dans une traduction de Marie Laureillard, sa longue nouvelle Cris sous la lune.
Photo © Open Society Foundations
Comme à chaque numéro, Jentayu, propose un carnet photographique. Pour ce numéro 6, c’est la Bangladaise Shahria Sharmin qui a été conviée dans les pages de la revue. Shahria Sharmin a d’abord suivi un cursus en administration publique à l’Université de Dacca avant de découvrir le potentiel de la photographie pour explorer et exprimer la diversité de l’expérience humaine. Diplômée en 2014 de la Pathshala South Asian Media Academy, elle a depuis reçu de nombreux prix, dont le Moscow International Foto Award et le Pride Photo Award (2014). La même année, elle s’est aussi vu décerner le deuxième prix de la Alexia Foundation pour sa série photographique Appelez-moi Heena, une série ensuite sélectionnée par les Open Society Foundations pour l’exposition collective Moving Walls 23, tenue à New York en 2015. C’est cette même série, sur le troisième genre des « hijras », qui est proposée dans Jentayu.
Les superbes illustrations à l’encre de Chine de ce nouveau numéro de Jentayu sont l’œuvre de l’artiste malaisienne Charis Loke. Installée à Penang et passionnée par l’enseignement, Charis se consacre à son travail d’éducatrice en arts plastiques pour le compte de la communauté Arts-ED Penang. Elle compte également à son actif une licence en biochimie de l’université de Brown, aux États-Unis. Ces bases pluridisciplinaires lui permettent d’imaginer et de concevoir des illustrations inspirées par différentes visions du monde. Elle a travaillé pour de nombreuses maisons d’édition locales, et ses œuvres ont notamment été publiées par Gerakbudaya Bookstore et Esquire Malaysia.
Maintenant que vous avez fait connaissance avec ce numéro 6, si vous êtes séduit-e-s, laissez-vous faire, invitez-le chez vous ! Abandonnez-vous aux battements de votre coeur, aux pulsations de vos veines et préparez-vous pour le grand rendez-vous !
(Tous les autres numéros et le hors-série Taiwan sont toujours disponibles).