Je dédie cette note de blog à ma soeur, Corine, et à ma nièce, Aurélie.
Baba & Nyonya Heritage Museum
Malacca, Malaisie, Mai 2016
Photo : Mariposa
Baba & Nyonya Heritage Museum
Malacca, Malaisie, Mai 2016
Photo : Mariposa
L’année dernière, lors de la Rencontre de Barbezieux, mon amie Renuka Devi-Voisset portait un magnifique kebaya immaculé orné d’un kerongsang. C’était la première fois que j’entendais ces mots, mais ils se sont immédiatement gravés dans ma mémoire car j’ai instantanément nourri de la fascination pour ce corsage brodé et surtout pour ce bijou.
Le kerongsang est une parure constituée de trois broches qui sert à attacher et fermer le kebaya (même si aujourd’hui, on trouve des kebaya munis de boutons-pression qui peuvent donc se porter sans kerongsang). La première broche (parfois plus grande que les deux autres) s’appelle ibu (mère) et les deux autres anak (enfant). Ces broches peuvent être reliées entre elles par une chaînette. C’était le cas du kerongsang que portait Renuka. Je l’ai trouvé magnifique !
Plus tard dans la journée, avec mon Prix d’Amour obtenu lors du concours de l’an dernier, Pantun Sayang m’a offert un superbe sarong en batik. Et encore plus tard, entre filles, Renuka et moi avons échangé nos bijoux. Elle m’a offert son kerongsang venant de Malaisie. Je lui ai donné mon collier de perles et de graines béninoises. Chacune avait porté son bijou toute la journée. Chacune a donc reçu un peu du parfum et des battements de coeur de l’autre.
A la fin de cette journée, j’avais un sarong et un kerongsang. Je ne savais pas encore que moins d’un an plus tard, j’allais tomber en amour de la culture peranakan ou baba-nyonya, d’abord à George Town, puis à Malacca. Mais je savais déjà que si mon souhait de me rendre en Malaisie se réalisait, j’en reviendrais avec un kebaya blanc pour compléter cette tenue de Nyonya que je trouvais déjà ravissante !
Mon souhait s’est réalisé, mais il n’a pas été simple de trouver un kebaya blanc. Il y en avait de toutes les couleurs. Bien vifs, bien bariolés. Mais pour trouver du blanc, j’ai dû retourner les boutiques de vêtements de tout Little India à George Town ! J’ai finalement trouvé la perle rare. Un très beau kebaya blanc brodé de fleurs et de … papillons ! Je crois qu’il n’attendait que moi. Et comme un cadeau n’arrive jamais seul, le vendeur m’a presque offert un kerongsang pour aller avec !
Elégance nyonya
Kebaya, sarong et kerongsang
(vêtements et bijou scannés)
Tous droits réservés
J’avais donc la tenue idéale, celle dont j’avais rêvé bien avant mon départ, pour ma lecture lors du Colloque Henri Fauconnier et la Malaisie :
J’ai vraiment été captivée par le kerongsang. Il exerce une sorte de magnétisme sur moi. Je ne sais pas pourquoi, cela ne s’explique pas. J’ai déjà écrit un pantoun le mettant en scène. Il fait partie de mon carnet de déambulations en prose pantounée. Je pense qu’il risque de revenir hanter mes poèmes. Et je sais déjà que lorsque je retournerai en Malaisie, j’en reviendrai avec un ou d’autres kerongsang, kebaya, sarong (mais cette fois, j’irai dans les deux jolies boutiques que j’ai repérées à Malacca). Une grande histoire d’amour ! C’est si agréable à porter en plus !
Comme je ne souhaite pas divulguer les textes de ces carnets avant parution, je vous propose quelques pantouns malais en écho :
Kain sutera kain batik,
Kedua di bawah cahaya lumpu ;
Tuan kata kita adik-beradik,
Berpura-pura saya tak mampu.
Tissu de batik tissu de soie,
tous deux sous les feux de la rampe.
Que soyons comme frère et sœur ?
Moi, je ne peux pas faire semblant.
Kebaya songket bersulam indah,
Indah dipakai si anak dara,
Tersedia sudah kuih dan juadah,
Marilah kita menjamu selera.
Kebaya, songket aux belles broderies,
parures virginales de la jeune mariée.
Voici que sont prêtes les confiseries,
vite, allons accueillir nos invités !
Banyak orang bergelang tangan,
Sahaya seorang bergelang kaki ;
Banyak orang larang jangan,
Sahaya seorang turut hati.
A d’autres les anneaux aux poignets,
moi je suis de celles qui parent leurs chevilles.
A d’autres les c’est interdit, les jamais,
moi je suis de celles qui suivent leur cœur.
Serahi dua tergantung,
Ada satu berisi minyak ;
Matahari sudah saya gantung,
Beri bertali bintang yang banyak.
A la broche deux fioles pareilles,
l’une d’elles est remplie de parfum.
Pour pendentif j’ai déjà le soleil,
donne-moi les étoiles pour chaîne.
Extraits de
250 PANTOUNS – Le trésor Malais
Présentation, choix et traduction française par Georges Voisset
Editions ITBM, Kuala Lumpur, 2015
(ouvrage bilingue français/malais)
Et pour finir, voici deux petites leçons pour s’habiller comme une parfaite Nyonya :
[…] kerongsang. Dans une précédente note de blog, je vous avais déjà parlé de ces éléments de l’élégance nyonya. Ici, apparaissent aussi les kasut manek, ravissantes mules brodées de […]
[…] note-ci est évidemment un clin d’oeil/écho à mes notes sur l’élégance nyonya et le nyonya style […]
[…] tenue nyonya par excellence est le sarong-kebaya, constituée d’un kebaya et d’un sarong. Ce dernier est habituellement en batik, mais […]