Aujourd’hui, 20 mars, c’est le printemps. Mais c’est aussi la journée de la langue française et de la francophonie.
Je profite donc de cette journée pour publier ici le texte que j’ai rédigé avec les dix mots choisis cette année pour l’opération Dis-moi dix mots. Le thème de cette année est « Dis-moi dix mots … que tu accueuilles », une invitation au voyage à travers des mots hérités d’autres langues, d’autres cultures.
Voici donc les dix mots avec lesquels j’ai joués : Amalgame, Bravo, Cibler, Gri-gri, Inuit, Kermesse, Kitsch, Sérendipité & Zénitude.
Et voici mon texte :
Heureux hasard
Il y a des rues bordelaises où j’aime particulièrement me promener. La rue Bouffard est de celle-là. La rue des antiquaires. Mais il y en a d’autres. J’aime errer dans tous les lieux qui se déguisent en cabinets de curiosité et qui sont des temples dédiés aux objets. On y fait de merveilleux voyages, presque immobiles, à travers espace et temps. Chacune de ces boutiques est une kermesse du recyclage, de la nouvelle vie, de la réinvention, de la renaissance des objets. Un printemps de la mémoire en quelque sorte …
D’un lieu l’autre, on croise ici un gri-gri d’Afrique noire, là un bibelot kitsch, plus loin le portrait solennel d’un Inuit, ou encore un cliché en noir et blanc où une diva reçoit les bravos d’une foule debout … On se promène sans cibler sa quête, sans même avoir d’autre quête que l’espérance de la surprise. Se laisser porter par le hasard pour découvrir sans chercher. Attendre la rencontre avec la pièce dont on ne connaîtra ni le nom, ni l’origine, ni l’utilité. Et passer ensuite de belles heures, entre les pages wiki et Google, à tenter de résoudre l’énigme qu’on aura rapportée chez soi …
J’ai un faible pour les pièces-filigrane métalliques qui ressemblent à des bijoux. Celles qui présentent un amalgame inconnu de cultures et d’influences. J’attend de tomber nez à nez avec celle qui me procure instantanément une certaine zénitude et que j’ai immédiatement envie de porter contre mon coeur. Celle qui me sera tout à fait inutile mais dont je tomberai amoureuse parce qu’elle m’émeut et me touche. Celle que je ne chercherai pas mais qui me trouvera. Une pièce de plus à ma collection de sérendipité.
Mariposa, Bordeaux, 19 mars 2015