« Histoire de Lisey »
Stephen King
Albin Michel, 2007
I will holler you home
Je te rappellerai très fort à la maison.
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Je ne suis pas à proprement parler une fan de Stephen King. Mais j’avoue aimer lire de temps en temps un de ses ouvrages. Mes préférés jusque-là sont « Cujo », « Misery » (avec une adaptation au cinéma qui ne laisse pas indemne non plus) et « Dreamcatcher ».
Mais jamais, jamais, je n’avais ouvert un opus de King comme celui-ci, qui est d’ailleurs considéré comme son oeuvre la plus personnelle. Je veux bien le croire. J’ai eu beaucoup de mal à pénétrer dans cet univers, dans ces univers. Ce pavé comprend 566 pages (hors mots de l’auteur et de la traductrice) et au bout de presque deux mois je suis parvenue à la page … 100 ! Et j’ai enfin pénétré dans le rythme et le souffle frôlant la folie de ce livre !
Je ne ferai certainement pas de note de lecture sur cet ouvrage. Trop dense, trop de thèmes différents abordés (deuil, langue secrète d’un couple semblable à celle que peuvent s’inventer des jumeaux, processus de création littéraire, frontière fragile entre génie et folie, etc., etc.). Et puis, je le lis à petites gouttes, de temps en temps. Je pense que je ne serai pas en mesure de vous dire, à la fin de la lecture, si j’ai aimé ou pas. Mais je sais d’avance que plusieurs aspects vont m’intéresser et me fasciner, comme cette « mare de mots » interne, intime que Stephen King invente au couple, personnage principal de l’oeuvre. Nous en avons chacune une ou plusieurs, une personnelle, une pour notre couple, une pour notre famille, une pour nos amis, etc., etc. …
Une chose est sûre, je tire mon chapeau à la traductrice, elle a dû s’arracher mille fois les cheveux sur cet opus de King !
Je vous reparlerai peut-être de ce livre plus tard, mais pour le moment, juste envie de partager ces deux extraits avec vous :
« (…) être seule après avoir été deux si longtemps était une bien étrange merdre, en vérité. Elle aurait cru que deux ans auraient suffi pour que l’étrangeté s’efface, mais non ; le temps apparemment ne faisait qu’émousser le tranchant le plus acéré du chagrin de sorte qu’il te hachait menu au lieu de te découper en tranches. Car tout n’était pas idem. Pas extérieurement, pas intérieurement, pas pour elle. Couchée dans le lit naguère occupé à deux, Lisey pensa que la solitude ne pèse jamais autant que quand tu te réveilles pour découvrir que tu as encore la maison pour toi toute seule. Que toi et les souris dans les murs vous êtes les seules à respirer encore. »
Extrait de la fin du tout premier chapitre : « I. Lisey et Amanda (Tout Idem) »
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« Il existe vraiment une mare où nous – et ici, j’entends par nous la vaste communauté des lecteurs et des auteurs -descendons boire et jeter nos filets. Dans un effort pour illustrer cette idée, Histoire de Lisey fait littéralement allusion à des dizaines de romans, chansons et poèmes.
(…)
C’est lui qui le premier m’a montré le chemin de la mare, qu’il appelait « la mare du langage, la mare du mythe, où tous nous descendons boire ». C’était en 1968. J’ai foulé maintes fois depuis le sentier qui y mène, et je ne peux penser à aucun endroit meilleur où passer ses journées ; l’eau y reste douce, et les poissons y nagent toujours. »
Extrait du « mot de l’auteur » en fin d’ouvrage.
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Petite digression et parenthèse : c’est assez drôle parfois ce qu’on appelle « coïncidences » et « hasard ». Au moment où j’ai entamé la lecture d’Histoire de Lisey, je lisais aussi le numéro d’été du magazine Causette intitulé « Jean-Pierre Brisset, le prince des grenouilles » ou l’histoire d’un poète illuminé du début du 20ème siècle qui était convaincu que l’homme descendait de la grenouille et que la langue française était née dans les mares. Huhuhuhuhu, et bien pourquoi pas ? Elle est là la « mare des mots » !!! Si vous voulez en savoir plus sur ce « prince des penseurs », c’est par ici.
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Un grand merci et un gentil clin d’oeil à ma gaou de Toronto qui m’a confié ce livre avant de partir vivre en Ontario !
Bon courage, Patricia! Moi, de Stephen King, je ne me suis aventurée que dans « Shining » et ça m’a fait peur…….. Depuis je me tiens au large.
Mais j’apprécie ta chronique littéraire qui nous entraîne in situ dans ta lecture.
Je comprends Monique, ce n’est pas toujours évident de s’aventurer sur les terres de King. Je n’ai pas lu « Shining », mais tu m’en donnes envie du coup ! Oui, oui, j’aime bien frissonner un peu en lisant ! Et il faut bien l’avouer, Stephen King maîtrise les règles du genre !