Des voilées
Voiles de féminité ?
Voiles de sensualité ?
Voiles étouffants ?
Voiles angoissants ?
Des femmes ?
Des silhouettes diffuses
Tel un amas d’étoffes usées
Tas d’épluchures de fruits fanés et flétris.
Formes enveloppées ?
Formes sublimées ?
Formes maltraitées ?
Formes brouillées ?
Une robe pour mettre mon corps en valeur
ou
Une robe pour nier jusqu’à l’existence de mon coeur
ou
Une robe pour me faire belle
ou
Une robe pour me faire mal ?
Autant de questions tissant la grille
Derrière laquelle mon regard est retiré
Derrière laquelle mon âme prend le voile …
Mariposa, à Barsac, le 19 avril 2011 à 12h05
Poème-réflexion inspiré par l’installation « Les murmurées » d’Edwige Bonneau à la Maison des Femmes de Bordeaux en février et mars 2011.
Il y a quelques billets, je vous ai parlé de mon travail poétique en cours sur le corps des femmes. Le poème ci-dessus en fera partie.
Edit au 31 août 2012 : Suite au commentaire de Claire-Lise ci-dessous, je partage avec vous, en écho à mon poème, la vidéo de la superbe chanson « Le Tissu » de Jeanne Cherhal :
Il y a une chanson de Jeanne Cherhal que j’aime beaucoup sur ce thème qui s’appelle « Le tissu ». Je reproduis ici les paroles :
Le balancier des hanches
La poitrine qui penche
Flou souvenir des pleins, des creux
Les doigts longs, les mains blanches
Disparus sous les manches
Rideau tiré sur les cheveux
La bouche qu’on enterre
Qui ne doit que se taire
Le monde interdit pour les yeux
Sur ce corps qui s’efface
J’ai regardé en face
L’hypocrisie offerte à Dieu
J’ai attendu, attendu
Et je l’ai aperçue
La femme cachée sous le tissu
Elle semblait absente
Sous sa toile de tente
Sous son camouflage aguerrie
Une infime chaînette
La retenait secrète
Prisonnière de son mari
Dans cet avion énorme
Qui survolait les formes
Découpées du golfe Persique
Cette femme-fantôme
Linceul et monochrome
Me rendait triste, c’est classique
J’ai attendu, attendu
Et je l’ai aperçue
La femme cachée sous le tissu
Depuis Abu Dhabi
Elle gardait l’habit
Intégral et ne parlait pas
Mais surveillait le sol
Qui filait sous le vol
Comme une route sous les pas
Et soudain elle prit
La main de son mari
Il s’était passé quelque chose
Elle arracha le voile
Jeta la longue toile
Et je vis sa métamorphose
Les cheveux libérés
Les genoux desserrés
Elle était redevenue femme
Nous venions de franchir
Les portes de l’empire
Et les barrières de sa flamme
Elle embrassa velours
Son mari son amour
Que j’avais pris pour un geôlier
J’ai vu qu’elle était libre
En fragile équilibre
Entre la chaîne et le collier
J’ai vu qu’elle était belle
Au nom de toutes celles
Qui n’ont pas pu se délier
J’ai attendu, attendu
Et elle est apparue
La femme évadée de son tissu.
Ce texte est superbe Claire-Lise ! Merci de me l’avoir fait découvrir. Je vais aller l’écouter sur Internet.
[…] publiés ici sur le thème « le corps des femmes » : – Pommes d’amour – Voiles – Passage – Boucherie & Lakme […]