« Je fermai les yeux pour mieux percevoir les parfums du vent. Une brise de mai, gonflée comme un fruit à la peau rêche, à la pulpe onctueuse, aux graines abondantes. La pulpe se répandait dans l’air, relâchant les graines semblables à une douce chevrotine qui atteignait mes bras nus. »
« Pourtant, elle avait réussi à dessiner une colline. Sur la colline, une petite maison. A l’intérieur, une femme, seule, endormie. La maison était entourée d’un bosquet de saules aveugles. C’étaient les saules aveugles qui l’avaient fait dormir. »
« Les saules aveugles sont pleins d’un pollen très puissant. De toutes petites mouches chargées de ce pollen s’introduisent dans les oreilles de la femme et la font dormir. »
La fille avait pris une nouvelle serviette en papier et dessiné un saule aveugle. Il avait à peu près la taille d’un buisson d’azalées. L’arbre était fleuri et les fleurs environnées de feuillage vert sombre. Les feuilles ? Non, plutôt des queues de lézard réunies en bouquet. »
« Le saule aveugle semble plutôt petit, vu de l’extérieur, mais ses racines plongent très profond dans la terre, avait-elle expliqué. En fait, parvenu à une certaine taille, il cesse de grandir mais ses racines continuent à s’allonger sous terre. Un peu comme si l’obscurité les nourrissait. »
Extraits de la nouvelle « Saules aveugles, femme endormie », première nouvelle du recueil de nouvelles du même titre :
« Saules aveugles, femme endormie »
Haruki Murakami
Belfond 2008
(en cours de lecture)
Murakami… Je l’ai découvert récemment avec 1Q84 que j’ai trouvé fantastiquement bon!
Les « saules aveugles » me semblent bien alléchants aussi. Mes prochaines lectures, certainement!
Je pense que tu risques de beaucoup apprécier ce recueil de nouvelles. Pour ma part, de Murakami, j’avais précédemment lu et adoré « Kafka sur le rivage » et j’ai très envie de me plonger dans la trilogie 1Q84.