La laïcité : principe d’émancipation des femmes

Le 6 mars 2015

la laïcité principe d'émancipation des femmes

Aujourd’hui, c’était en quelque sorte un pré-8 mars pour moi. J’ai commencé la journée au Conseil Régional d’Aquitaine à Bordeaux pour assister à une table ronde sur le thème « La laïcité : principe d’émancipation des femmes ».

Ce fut une matinée très intéressante. J’y ai appris beaucoup de choses. J’y ai entendu confirmées beaucoup d’autres choses aussi qui m’ont redonné confiance et donné des armes pour répondre à certains comportements ou déclarations.

J’avais envie de partager quelques morceaux de cette table-ronde avec vous :

Dans son discours d’accueil et d’introduction, Alain Rousset a déclaré que « prêcher le confinement de la femme, c’est une forme de trouble à l’ordre public ».

Intervention d’Henri Pena-Ruiz :
– Il rappelle l’étymologie du mot « émancipation », à savoir le fait de sortir du domaine paternel, donc l’affranchissement du patriarcat, la liberté et l’indépendance.
– Pris littéralement, les textes des trois religions du Livre consacrent la domination masculine comme étant la volonté de Dieu.
– Comment voulez-vous que les pensées d’un être éternel adhèrent à des préjugés historiques ?
La pensée libre doit s’affranchir des préjugés d’une époque. Quand un texte sacré me heurte, je l’interprète.
La laïcisation, c’est l’émancipation des préjugés d’un autre âge.

Intervention de Magali Della Suda :
(Chercheuse dont les travaux portent sur les questions de genre – CNRS, Centre Emile Durkheim, Bordeaux. Elle a remplacé Danièle Sallenave empêchée par une grippe) :
Les institutions religieuses sont patriarcales. Cependant, il y a toujours eu des tentatives de relecture distanciée des textes, mais elles restent minoritaires.
Chez les Cathares par exemple, les parfait(e)s pouvaient être aussi bien des femmes que des hommes et il n’existait pas d’injonction procréatrice.
Il existe aujourd’hui des féminismes religieux : catholiques, islamiques …

Intervention de Nicole Calligaris :
– Lecture d’extraits de son ouvrage Le paradis entre les jambes.
Pose la question de la légitimité de la présence des jeunes femmes – celles qui n’ont pas encore le statut de mère – dans l’espace public.
– Traditionnellement, inconsciemment ou pas, la femme est assimilée à l’espace intime et l’homme à l’espace public. Il y a une analogie avec notre morphologie. Le vagin est invisible, le pénis est visible. L’ovulation est secrète, interne tandis que l’éjaculation est externe.
– La laïcité pose le problème de la séparation entre ce qui est intime et ce qui est public –  mes convictions religieuses sont de l’ordre de l’intime – et des circulations entre ces deux espaces.
– Partage de la légende du Soleil et de la Lune qui a donné naissance au théâtre du Hain chez les Selk’nam de Terre de Feu. Cette légende rend naturelle la sujétion des femmes. Et le théâtre du Hain est une mystification dans laquelle mystificateurs et mystifiées jouent le jeu.
– Analogie entre domination masculine et domination du colonisateur sur le colonisé. Lecture d’extraits du Portrait du colonisé d’Albert Memmi.
– L’émancipation de la femme passe par l’émancipation de la relation entre l’homme et la femme et au final par l’émancipation personnelle.

Le débat qui a suivi avec la salle a également été très intéressant même si, malheureusement, on s’est assez vite éloigné du thème qui était de considérer la laïcité en tant que levier d’émancipation de la femme, pour se cantonner à un débat uniquement sur la laïcité, et notamment sur la loi de 2004 et le port du voile …
Autre regret ? La parité n’était pas respectée concernant les intervenants. Il y avait un seul homme pour quatre femmes (étaient également présentes Véronique Brocard, journaliste qui a animé la table-ronde, et Naïma Charaï, conseillère régionale d’Aquitaine déléguée aux solidarités, à l’égalité femmes-hommes et à la lutte contre les discriminations). C’est ensemble, hommes et femmes, que nous pourrons faire avancer les choses.



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