Le doux parfum des temps à venir

Le 4 mars 2014

Le-doux-parfum-des-temps-a-venirLe doux parfum des temps à venir
Lyonel Trouillot
Actes Sud, Collection Essences, mars 2013

J’ai rencontré cet ouvrage à la fin de l’année dernière, sur le blog de Monique Mérabet. Je m’étais promis que j’en ferais ma première lecture poétique de 2014. J’ai mis le temps, mais j’ai tenu ma promesse !

J’ai été bouleversée par cette lecture ! Jamais un recueil poétique ne m’avait autant empli le coeur ni créé le frisson sur ma peau. Je l’ai relu à plusieurs reprises depuis, je ne m’en lasse pas.

Voici la présentation en quatrième de couverture :

Le doux parfum 4ème couv

Tout comme les saveurs, les odeurs, évocations olfactives sont de vraies madeleines de Proust pour moi, je suis donc particulièrement sensible à l’intention de la Collection Essences elle-même et de cet ouvrage en particulier.

Je suis également particulièrement sensible à ce qui touche aux relations mère-fille. Et ce long poème-testament est à la fois tendresse, vérité, histoire et bel espoir en l’avenir. Il dit au final ce que chaque parent devrait dire à son enfant pour lui donner la force de se tenir debout dans ce monde (« la force de regarder demain » comme disait Césaire) : ta vie t’appartient et reste à inventer, à toi de la créer, tu es maître de ton destin.

Je suis très admirative de Lyonel Trouillot, de la manière dont lui, homme, a pu ainsi se glisser dans la peau non seulement d’une femme, mais encore d’une mère ! C’est bluffant !

Difficile pour moi de vous en dire plus. C’est un ouvrage qui se découvre et s’habite petit à petit, il ne se raconte pas. Difficile pour moi aussi de choisir un ou quelques petits passages à partager avec vous ici. Cela me paraît un peu insensé et bancal d’isoler quelques vers de ce long et beau monologue … Mais je me résous tout de même à choisir celui-ci, car je voudrais vraiment que vous lisiez ce petit bijou d’émotion :

Tout à l’heure, tu m’aideras à m’installer face à la mer,
et tu marcheras seule vers la conquête de ton essence.

Tu ne m’as pas demandé pourquoi je te laisse ce coffret.
Il est vide.
Peut-être le sais-tu déjà.
Tu le sens à sa légèreté.
Je te le laisse parce qu’il est vide
et que personne ne peut le remplir à ta place.
Mon seul legs est que tu adviennes
et chasses où que tu ailles la haine dont tu m’as préservée.

(…)

Va, ma fille.
Tu prendras sur ta chair de femme une odeur de quatre saisons
qui se succèdent sans chicane,
sans querelle ni mauvaise saison,
tu iras au sommet de la plus haute montagne,
et tu danseras,
et ton corps libre de ses mouvements
libèrera sur la tête du monde
une odeur d’union libre et de désir fou sans contraintes ni exigences,
et nul corps ne sera marqué par la violence du fer,
il n’y a en amour que des péchés d’orgueil,
tu répandras l’odeur du don
et la haine trouvera son maître.



2 grains de pollen to “Le doux parfum des temps à venir”

  1. Monique dit :

    Ah! Je suis heureuse que tu aies découvert ce petit bijou, Patricia. Heureuse aussi de notre collaboration interbloguique.
    Merci pour les commentaires enrichissants que tu déposes sur mon blog régulièrement.

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