Parenthèse culturelle parisienne

Le 13 mars 2012

Je fais une petite pause dans mes notes de blog concernant ce Printemps des Poètes en Enfances pour partager avec vous mes promenades culturelles parisiennes de fin de semaine dernière et mes coups de coeur.

Pour la journée de vendredi dernier, je m’étais concocté un petit marathon d’expositions qui m’a laissée épuisée mais ravie !

J’ai commencé par « Sempé – Un peu de Paris et d’ailleurs » à l’Hôtel de Ville. (30 minutes de file d’attente quand même pour cette expo qui devait se clôturer le 11 février et a été prolongée jusqu’au 31 mars !).

Il est toujours très touchant de voir « en vrai » les originaux d’un dessinateur. Surtout quand il s’agit de quelqu’un qui a l’envergure et le talent de Sempé ! Les dimensions et les couleurs ne sont pas les mêmes sur les versions imprimées. Le dessin ne vous interpelle pas de la même manière … Et puis, quelle émotion d’être ainsi témoin des hésitations et tâtonnements de l’artiste : traces de gomme, collage pour reprendre un dessin, grands coups de pinceaux qui en cachent d’autres …

Bien évidemment, j’ai beaucoup souri et ri en parcourant les traditionnels dessins humoristiques en noir et blanc que tout le monde connaît, mais j’ai aussi été émue et attendrie par les aquarelles et gouaches aux tons pastels qui fourmillent de détails … Un sacré regard ! Beaucoup de poésie et d’émotion.

Alors si vous êtes Parisiens ou que vous avez l’opportunité de vous rendre à la capitale avant la fin du mois, n’hésitez pas. Vous passerez un joli moment à déambuler dans cette exposition.

Puis je me suis rendue à la Dorothy’s Gallery qui accueille actuellement une formidable exposition de photographies de Laurencine Lot : 30 ans de rétrospective sur la danse Butô de Carlotta Ikeda: « Carlotta Ikeda – du Butô à la danse insensée ».

Et c’était là mon véritable coup de coeur de la journée !

Quelques-unes de mes photographies favorites (Mais il faut vraiment voir les tirages en grand format pour en prendre toute la dimension et les laisser vous frapper !) N’hésitez pas à cliquer pour agrandir :

Photo de Laurencine Lot

Photo de Laurencine Lot

« La danse Butô est située au noeud de la lumière et de l’obscurité, de la vie et de la mort, de la réalité et du surréel ; c’est une technique sacrée qui assimile les antagonismes. »
Ko Murobushi.

Photo de Laurencine Lot

« La vie est là pour que l’on puisse atteindre un état de pureté et de véracité que l’on trouve dans le néant. Ne rien représenter, devenir néant, vous offre la possibilité d’être toutes choses. La vie est un entraînement à la mort, chercher à n’être plus, apprendre comment se fondre dans le rien, tendre vers cette beauté fanée qui précède le néant. Cette ligne constitue un des fondements essentiels de ma danse qui n’est ni une forme, ni une technique particulière, mais plutôt un effacement de soi. Devant le corps, l’esprit s’efface aussi. Et l’être dépasse le soi. »
Carlotta Ikeda.

Photo de Laurencine Lot

« J’essaie de danser comme l’a dit Nijinski, sur la frontière entre la folie et la normalité. Evidemment, c’est une limite à ne pas dépasser, mais je cherche toujours à m’en approcher. J’y parviens peut-être une fois par an, lorsque pendant deux ou trois secondes je réussis à m’oublier complètement. Mais cela s’explique aussi peu que les émotions ou le bonheur. »
Carlotta Ikeda.

Alors, bien évidemment, comme je n’ai pas pu m’offrir un des superbes tirages en grand format exposés, je suis repartie avec l’ouvrage bilingue anglais/français qui rassemble le travail photographique de Laurencine Lot sur ces 30 ans de compagnonnage artistique et d’amitié franco-japonaise avec Carlotta Ikeda :

« Carlotta Ikeda – Danse Butô et au-delà »
Photographies de Laurencine Lot
Introduction de Jean-Marc Adolphe
Editions FAVRE

Pareil, si vous êtes Parisiens ou que vous vous déplacez en région parisienne avant le 26 mars, courez voir cette expo, elle est sublime !

Enfin, j’ai fini la journée au Musée du Quai Branly pour voir l’exposition « Exhibitions – L’invention du Sauvage ».

Une exposition très instructive sur l’évolution de ce qui a été considéré comme « sauvage » au cours des siècles en Occident. Des cabinets de curiosité aux expositions coloniales et jardins d’acclimatation  (« zoos humains »), de la simple attraction pour ce qui est différent à la mise en scène de la différence en tant qu’objet. Au-delà, cette exposition nous interroge également sur nos propres préjugés et frontières. Qui est notre sauvage, notre barbare, notre étrange étranger à nous ? Quelqu’un d’une couleur de peau différente ? Un trisomique ? Un(e) homosexuel(le) ? Les nains ? Les Roms ?

« Sa propre normalité s’arrête où commence celle de l’autre. »
Dans « Qui est votre sauvage ? », installation vidéo de Vincent ELKA (novembre 2011) en clôture de l’exposition « Exhibitions ».

Evidemment, j’ai également rapporté quelques trésors en rapport avec cette expo, en allant me promener dans la boutique du Musée :

– L’adaptation en bande dessinée du film « Vénus Noire » d’Abdellatif Kechiche. Je n’ai pas encore pu voir le film, alors en attendant, je vais lire la bande dessinée. Cela fait longtemps que l’histoire de Saartjie Baartman me glace tout autant qu’elle me fascine … J’en reparlerai.
– Le numéro 31 (octobre novembre décembre 2011) de Respect Mag dont le thème était « 100% Noirs de France » et que j’avais raté lorsqu’il était sorti en kiosque. Je trouve que le thème est bien abordé et bien traité, sans tomber dans les pièges dans lesquels ce sujet aurait pu le mener. J’en reparlerai aussi, surtout que la thématique « Noirs de France » a donné lieu à une production importante ces derniers mois en termes d’ouvrages, d’expositions et de reportages.
– Le numéro du magazine Beaux Arts consacré à l’exposition « Exhibitions » afin de conserver un souvenir et de la documentation sur l’exposition. Très bien fait aussi.

Voilà, voilà.

Sinon, la culture c’est aussi la gastronomie n’est-ce pas ?

Lorsque je suis arrivée à Paris jeudi, je me suis directement rendue dans le Marais, quartier que j’affectionne particulièrement. Notamment du côté de la rue des Rosiers où se trouvent plusieurs boutiques de gastronomie yiddish pour lesquelles j’ai beaucoup de tendresse gourmande ! Je ne le savais pas, mais ce jour-là, c’était Pourim et je n’avais jamais vu le quartier aussi animé ! J’ai été accueillie par les détonations des pétards dès la sortie du métro. Pendant toute ma promenade, des pétards ont éclaté. Les gens couraient partout, se poursuivaient. Il y avait des animations dans les rues. Enfin, je suis arrivée à ma boutique chérie, la Boutique Jaune de Sacha Finkelsztajn. Et là, j’ai pu découvrir et savourer des pâtisseries traditionnellement dégustées pendant la fête de Pourim :

Les oreilles de Haman

Les pétards de Pourim
Répandent dans les rues du Marais
Un encens de poudre
Et dans la Boutique Jaune
je découvre gourmande les saveurs
Des hamantaschen à la figue.

Mariposa, à Paris, le 8 mars 2012 à 18h13.

Notes :

Pourim
Hamantaschen

Voilà ! La prochaine fois je reviens avec de la poésie et des dessins sur le thème « Enfances » !



2 grains de pollen to “Parenthèse culturelle parisienne”

  1. Claire-Lise dit :

    J’aime comme toi le quartier du Marais. J’y ai séjourné assez souvent.
    Cette année, j’ai prévu de passer une semaine à Paris fin juillet dans le quartier de Montmartre. J’ai envie de découvrir ce quartier en profondeur .
    Les expositions que tu évoques semblent très intéressantes. Tu as fait un très bon choix, éclectique et personnel. Je ne connaissais pas Laurencine Lot. Ses photos mettent en scène le corps de façon très particulière et donnent un léger sentiment de malaise. Cette danse de Butô a quelque chose d’obscur et de fascinant. Le fait que l’objectif fige les corps dans certaines postures doit accentuer ce côté étrange.

    • Mariposa dit :

      Décidément, nous étions faites pour nous rencontrer Claire-Lise ! Le Marais et Montmartre sont mes deux quartiers préférés de Paris ! Je les considère comme des villages de ville !
      Je ne connaissais pas Laurencine Lot non plus, mais le travail de Carlotta Ikeda oui. Je pense que si tu as eu une impression de malaise sur certaines photos, c’est parce que la danse de Carlotta au départ peut véhiculer, parfois, ce malaise. Le Butô, danse des ténèbres, est « obscur et fascinant » comme tu le soulignes. Surtout lorsqu’il est dansé par Carlotta Ikeda qui l’interprète, comme elle le dit « sur la frontière entre la folie et la normalité ».

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