Papillons de mots

No te enamores …

femmes qui lisent sont dangereuses

Internet et Facebook ont cet intérêt particulier pour moi de rester, malgré tout, de belles fenêtres ouvertes sur de jolies découvertes littéraires et poétiques. Il y a quelques jours, via Facebook, j’ai découvert ce proème (poème en prose) de Martha Rivera-Garrido, poète (entre autres) domicaine que je ne connaissais pas du tout, mais dans l’univers de laquelle je me suis immergée depuis ! Vous comprendrez pourquoi en lisant ce poème qui m’a menée à elle :

Martha Rivera-Garrido par Orling Arty Dominguez

No te enamores.

No te enamores de una mujer que lee, de una mujer que siente demasiado, de una mujer que escribe… No te enamores de una mujer culta, maga, delirante, loca. No te enamores de una mujer que piensa, que sabe lo que sabe y además sabe volar; una mujer segura de sí misma. No te enamores de una mujer que se ríe o llora haciendo el amor, que sabe convertir en espíritu su carne; y mucho menos de una que ame la poesía (esas son las más peligrosas), o que se quede media hora contemplando una pintura y no sepa vivir sin la música. No te enamores de una mujer a la que le interese la política y que sea rebelde y vertigue un inmenso horror por las injusticias.Una a la que le gusten los juegos de fútbol y de pelota y no le guste para nada ver televisión. Ni de una mujer que es bella sin importar las características de su cara y de su cuerpo. No te enamores de una mujer intensa, lúdica y lúcida e irreverente. No quieras enamorarte de una mujer así. Porque cuando te enamoras de una mujer como esa, se quede ella contigo o no, te ame ella o no, de ella, de una mujer así, JAMAS se regresa.

Martha Rivera-Garrido (Fragmento de Los Amantes de Inbox de Papel, 2014)
Publié sur son blog le 18 février 2014

Bannière du blog de Martha Rivera-Garrido par Orling Arty Dominguez

Il y a une traduction en français de ce poème qui circule sur Internet et Facebook et qui est le fait de Manuel Garcia Cartagena. Je trouve que c’est une bonne traduction, mais il y a une ou deux choses qui me gênent dans le texte français et comme le texte espagnol me plait beaucoup, j’ai décidé de vous proposer ma propre traduction. Je n’ai cependant pas réussi à me décider quant à la traduction de « No te enamores ». Je vous propose donc deux versions. Vous garderez donc celle qui vous plait le plus. Ou vous n’en garderez aucune et conserverez juste les mots de l’auteure en espagnol, qui sont et demeurent l’essence de ce texte.

Un grand merci en tout cas à Manuel Garcia Cartagena car mes deux versions de traduction reprennent en grande partie la traduction qu’il a déjà faite et surtout parce que son blog de traducteur traître (nous traducteurs, nous sommes tous des traîtres ;)) me permet de rencontrer des poètes dominicains contemporains !

Ne t’enamoure pas

Ne t’enamoure pas d’une femme qui lit, d’une femme qui ressent bien trop, d’une femme qui écrit … Ne t’enamoure pas d’une femme cultivée, magicienne, délirante, folle. Ne t’enamoure pas d’une femme qui pense, qui sait ce qu’elle sait et qui, en plus, peut s’envoler ; une femme sûre d’elle-même. Ne t’enamoure pas d’une femme qui rit ou pleure en faisant l’amour, qui sait transformer sa chair en esprit ; et encore moins d’une qui aime la poésie (celles-là sont les plus dangereuses), ou qui passe une demi-heure à contempler un tableau et qui ne peut pas vivre sans musique. Ne t’enamoure pas d’une femme qui s’intéresse à la politique, qui est rebelle et qui vertige une profonde horreur pour les injustices. Une qui aime les matchs de foot ou de baseball et qui n’aime absolument pas regarder la télévision. Ni d’une femme qui est belle quels que soient les traits de son visage et les lignes de son corps. Ne t’enamoure pas d’une femme intense, ludique, lucide et irrévérencieuse. Ne souhaite pas  t’enamourer d’une telle femme. Parce que si tu t’enamoures d’une femme pareille, qu’elle reste avec toi ou pas, qu’elle t’aime ou pas, d’elle, d’une telle femme, JAMAIS on ne revient.

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Ne tombe pas en amour

Ne tombe pas en amour d’une femme qui lit, d’une femme qui ressent bien trop, d’une femme qui écrit … Ne tombe pas en amour d’une femme cultivée, magicienne, délirante, folle. Ne tombe pas en amour d’une femme qui pense, qui sait ce qu’elle sait et qui, en plus, peut s’envoler ; une femme sûre d’elle-même. Ne tombe pas en amour d’une femme qui rit ou pleure en faisant l’amour, qui sait transformer sa chair en esprit ; et encore moins d’une qui aime la poésie (celles-là sont les plus dangereuses), ou qui passe une demi-heure à contempler un tableau et qui ne peut pas vivre sans musique. Ne tombe pas en amour d’une femme qui s’intéresse à la politique, qui est rebelle et qui vertige une profonde horreur pour les injustices. Une qui aime les matchs de foot ou de baseball et qui n’aime absolument pas regarder la télévision. Ni d’une femme qui est belle quels que soient les traits de son visage et les lignes de son corps. Ne tombe pas en amour d’une femme intense, ludique, lucide et irrévérencieuse. Ne souhaite pas tomber en amour d’une telle femme. Parce que si tu tombes en amour d’une femme pareille, qu’elle reste avec toi ou pas, qu’elle t’aime ou pas, d’elle, d’une telle femme, JAMAIS on ne revient.

Traductions libres par Patricia Grange du poème « No te enamores » de Martha Rivera-Garrido
Extrait de Los Amantes de Inbox de Papel (Les Amants d’Inbox de Papier)

Petites notes de traductrice :

« No te enamores » signifie bien « Ne tombe pas amoureux ». Mais comme il s’agit de poésie, même en prose, je trouvais que « tomber amoureux » était une expression trop utilisée et devenue trop plate pour dire ce si bel « no te enamores ». J’avais aussi envie d’utiliser ce verbe « enamourer » qu’on utilise si peu en français et qui est si proche du verbe espagnol « enomorarse ». Quand j’en ai parlé sur Facebook, on m’a aussi suggéré la très belle expression française « tomber en amour ». Du coup, je n’ai pas pu choisir !

Concernant la traduction de « vertigue un inmenso horror », l’auteure a transformé le nom « vertigo » (vertige) en verbe. C’est un processus totalement poétique et que j’utilise souvent moi-même en tant que poète. J’ai donc eu envie de le conserver dans la traduction française.

Amis traducteurs et/ou hispanophones qui passez par là, n’hésitez pas à me donner votre avis, à me laisser un commentaire, à me faire des remarques ou suggestions.

Et je vous conseille vivement la visite et la lecture du blog de Martha Rivera-Garrido si vous lisez l’espagnol. J’en adore le titre : Su boca es su medida (littéralement « Sa bouche est sa mesure » mais que j’ai envie de traduire par « Une bouche à sa mesure » ou même « Sa bouche est son arme »).

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