Papillons de mots

Pantouns « au coeur des arts » et berbalas

pantouns-10Couverture du numéro 10 de la Revue Pantouns

Je vous ai déjà parlé plusieurs fois du pantoun depuis le début de l’année, joli quatrain très musical venu de Malaisie et dont je me suis amourachée dès que je l’ai découvert !

Quelques-uns de mes tout premiers pantouns ont été sélectionnés par le comité de lecture de la Revue Pantouns pour figurer dans la toute première anthologie de pantouns francophones à paraître courant octobre 2014. J’en suis très heureuse et, je dois l’avouer, assez fière !

En attendant, la Revue Pantouns publie également certains de mes pantouns dans son numéro 10 de mars.

Il y a notamment mon triptyque B art 13 inspiré par le travail de la plasticienne Lucie Nouhaud. J’ai emprunté ce titre à l’artiste elle-même ! Il fait référence au format (BA 13) des plaques de placoplâtre qu’elle grave et qu’elle peint. C’est un triptyque auquel je suis très attachée, d’autant plus que cela faisait longtemps que j’avais envie d’écrire un poème lié aux oeuvres de Lucie ! C’est après coup que je me suis rendue compte que ce triptyque était au coeur du thème du Printemps des Poètes cette année, à savoir « au coeur des arts » ! Il n’y a pas de hasard !

Je vous laisse découvrir ce triptyque de pantouns en page 29 du numéro 10 de la revue.

En parcourant les pages de cette édition, vous vous rendrez compte qu’elle était dédiée au pantun berbalas, à savoir au pantoun-échange, au dialogue pantounique ! Un appel à textes avait été lancé à cet effet. J’avais décidé de m’y essayer et voici les quatre propositions que j’avais faites lors d’un premier envoi :

Paume creuse de cette vasque s’offrant
A celui qui passe par le chemin
Paumes creuses de ce pèlerin cherchant
Eau, espoir et foi en des lendemains
Kistila

Paume creuse de cette vasque offerte
par la corolle d’une fleur au matin.
Paumes creuses de mon âme ouverte
aux précieux dons modestes du jardin.
Mariposa

***

Lampes de Diwali, couvrant le ciel d’étoiles
Montrent le chemin de la Voie Lactée.
Lakshmi, nous te couvrons du parfum de santal :
Remplis nos vies de Richesse et Beauté.
Renuka Devi

Lampes de Diwali, étoilant la maison
métamorphosée en Voie Lactée.
Lakshmi, accorde-nous ta bénédiction,
baigne-nous d’un lait de fertilité.
Mariposa

***

La lumière joue dans les grains de poussière
Arpèges ascendants de mouches dorées
Ma tête est une marmité de sorcière
Poussière dorée des mouches des idées.
Kistila

La poussière joue dans les grains de lumière,
accrochée aux toiles d’araignée.
Ma tête est une marmite sorcière
où se tisse le fil des idées.
Mariposa

***

Le son des cloches du temple remplit l’air matinal
Réveille les Dieux de leur sommeil profond.
Le son de tes bracelets perce mon rêve matinal
Eveillant en moi mon amour profond.
Renuka Devi

Le son des cloches de l’église remplit l’air matinal,
Réveille le village d’un sommeil profond.
Le chant de ta guitare pénètre mon rêve matinal
caressant ma peau d’un vertige fécond
Mariposa

***

Voici la réponse que le comité de lecture m’a adressée (je la partage à des fins « pédagogiques » pour tous ceux que le monde pantounique intéresse !) :

« Le pantun berbalas se veut être une joute poétique, une compétition, voire une confrontation. Vos pantouns sont réussis sur le plan formel, mais y manque encore le piquant de la réponse, voire le cinglant qu’on attend d’une joute oratoire. Non pas un simple écho, mais une vraie réplique, quitte (pourquoi pas) à contredire totalement le pantoun d’origine. »

J’ai donc remis l’ouvrage sur le métier, même si la « pique » n’est pas ma spécialité ! Il se trouve que je suis assez entêtée (voire têtue) et joueuse ! J’ai donc envoyé quatre nouvelles propositions et le comité de lecture en a retenu une, celle que je préférais ! Vous voulez savoir laquelle ? C’est en page 15 du numéro 10 de la Revue Pantouns !

Voilà, voilà ! Je me suis bien amusée ! Je conserve tout de même les quatre premiers pantouns que j’avais proposés, parce que je les aime bien. Je les présenterais donc comme des pantouns-échos. Il faudrait inventer un terme malais pour ce jeu-là !

Je ne suis pas certaine d’écrire beaucoup de pantun berbalas, mais une chose est sûre, je n’ai pas fini de pantouner !!!

Et si vous êtes vous aussi contaminés par la fièvre pantounique, n’hésitez pas à adresser vos oeuvres à la Revue Pantouns. Prochaine échéance : mi mai ! A vos quatrains !

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