Capillotractée/Nancy Morejón

Le 27 novembre 2019
Nancy Morejón

Tout derniers jours pour visiter l’expo Ni muses ni soumises à laquelle je participe, à l’invitation de la Macla, dans le cadre de la Quinzaine de l’égalité, avec mon projet Capillotractée et mon triptyque de cajones Afrolatinas.

Après vous avoir présenté le cajón dédié à Victoria Santa Cruz, place aujourd’hui à Nancy Morejón.

J’ai découvert la poésie de Nancy Morejón au début de l’année, alors que je travaillais sur la traduction de poème du Cucalambé. Et notamment le très beau Mujer Negra (Femme Noire) :





Vous pouvez lire une traduction en français de ce poème ici.

J’ai donc immédiatement pensé à Nancy Morejón lorsque j’ai entamé la création de Afrolatinas. Surtout qu’entre temps, j’avais pu lire en ligne son recueil Carbones silvestres (Charbons sauvages) et son superbe poème Pelo (Cheveu) dans lequel elle reprend notamment, en se les réappropriant, les termes « indomable » (« indomptable ») et « intrincado » (« inextricable ») souvent utilisés pour qualifier de façon péjorative le cheveu afro. A travers le cheveu, ce texte est acceptation de soi et revendication de liberté. Ce cheveu qui est sien, qui la « singularise », la « rend unique », même à présent qu’il est « blanc, blanc, blanc », et peut-être même plus.

Vous l’avez deviné. J’ai donc traduit ce poème Pelo et je l’ai inscrit sur une des faces du cajón dédié à Nancy Morejón. Sur une autre des faces, j’ai aussi traduit des extraits de la troisième partie du poème Elegía – A la memoria de Neyda Ulacia, Chiquitica ( Élégie – À la mémoire de Neyda Ulacia, Chiquitica), également extrait de Carbones silvestres. Chiquitica apparaît ici dans une ambivalence :  » Peignée par les vents, en revanche,/tu lisses les cheveux des noires assises ». Portant ses cheveux libres donc, elle, la « Noire polie tel le diamant dur/du fleuve Níger » lissait les cheveux avec un « fer à charbon » et elle en est finalement morte.
Ce sont deux poèmes très forts et il me semblait indispensable de les inscrire sur ce cajón dans le cadre de ce projet. Sur les quatre faces de ce dernier, vous trouverez donc :
– Un portrait aux feutres et marqueur, avec une attention particulière portée sur la coiffure
– Un collage de photos
– Le poème Pelo en espagnol accompagné de ma traduction en français
– Des extraits du poème Elegía accompagnés de ma traduction en français

Retournons à présent dans ma cuisine-atelier pour le pas à pas de la création de ce cajón (cliquez pour agrandir) :

Deux liens intéressants en lien avec Nancy Morejón :
Afro-féminisme et écriture critique à Cuba
UNA MEMORIA QUE OBLIGA: EL NEXUS DE NANCY MOREJÓN

J’espère que cela vous donnera envie d’aller voir en vrai. Ce sont les tout derniers jours pour visiter Ni muses ni soumises. Jeudi, on dévernit avec une soirée au cours de laquelle je serai ravie de vous présenter ma performance Capillotractée, qui sera suivie d’un set de DJ Laeti Nka.



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