Kemenyan

Le 9 mai 2017

Kemenyan
Claire-Lise Coux
The Book Edition, 2017

Se répand l’encens,
se consument les grains.
De cet amour naissant,
je pressens déjà la fin.

Claire-Lise Coux a décidé de donner le titre Kemenyan à son premier recueil de pantouns. Kemenyan signifie « encens » en malais et ce choix est parfait pour cet ensemble de textes. En effet, une fois qu’on le referme, les mots s’envolent, s’évaporent comme un bâton d’encens consumé, et reste le parfum, dans le coeur et l’âme. Le souvenir et l’empreinte de ce qui a disparu, mais vit encore au fond de nous.

Et c’est bien là un des thèmes de prédilection de Claire-Lise Coux. Même si ici elle n’a fait que réunir tous ses pantouns, sans fil rouge particulier, ce dernier s’est tissé de lui-même pour imprégner ce Kemenyan de ses fragrances. Nostalgie et mélancolie face au temps écoulé, à l’enfance disparue, à l’amour évanoui.

Un nuage saupoudre d’ombre
le sommet de la montagne.
Ce fado dans la pénombre
c’est ton coeur qui s’éloigne.

Et pour mieux apprivoiser et traverser ce spleen, se raccrocher aux mots et à la poésie :

Les flamants roses
suivent la marée descendante.
Poésie ou prose,
j’écris sous la lune montante.

Plaisir à retrouver dans ce recueil des pantouns lus précédemment dans la revue Pantouns de l’AFP-Pantun Sayang ou l’anthologie Une poignée de pierreries publiée par Pantun Sayang et Jentayu.

Plaisir également à découvrir les magnifiques tableaux du peintre chinois Wu Guanzhong qui accompagnent délicatement les pantouns de Claire-Lise.

Un très bel ouvrage que l’on prend plaisir à faire brûler régulièrement. Il est d’un noir lumineux.

Noirs vibrants
des tableaux de Soulages.
Noir envoûtant
des mots sur la page.



9 grains de pollen to “Kemenyan”

  1. Claire Lise dit :

    Comme tu le sais Patricia Houéfa, j’ai une profonde admiration pour le talent avec lequel tu écris des pantouns. Ta note de lecture me touche donc profondément.
    Je te remercie du fond du cœur d’avoir pris le temps de t’imprégner de Kemenyan et de nous restituer ses « fragrances » et son « noir lumineux ». Tu me fais un très beau cadeau en mettant ainsi en lumière mes thèmes d’écriture favoris que tu as retrouvés dans ces pantouns et dont je n’avais pas pris conscience. Mais tu as raison, ils sont bien présents et même omniprésents dans ce recueil.

  2. Voisset dit :

    L’encens a t il circonvolutionné parfois le long des berges de la Soane, dans les ruelles du Vieux Lyon, Monté vers la Croix Rousse? Les lieux ineffaçables de ma jeunesse lyonnaise?

  3. Voisset dit :

    Et puis ce Japon fictif derrière la structure…metissage a 3 – d’où ma quête de la ville natale encore plus derrière, pour faire bonne mesur …géographique….

  4. Gatien dit :

    Félicitations à Claire-Lise pour la parution de ce recueil !

    Ce pantoun-ci :
    Un nuage saupoudre d’ombre
    le sommet de la montagne.
    Ce fado dans la pénombre
    c’est ton coeur qui s’éloigne.

    …M’inspire celui-là :
    Le sommet de la montagne
    Reverra un ciel azur.
    Parfois un cœur qui s’éloigne
    Revient pour un amour mûr.

  5. Claire Lise dit :

    Merci pour vos messages (je n’aime pas trop le mot commentaires) qui me font infiniment plaisir.

    Lyon est mon nid depuis l’enfance et je lui ai consacré déjà quelques poèmes. Cette ville revient souvent dans mes recueils de poésie. Quant au Japon, c’est son encens qui me poursuit.

    J’aime beaucoup le beau pantoun de Gatien qui est plein de sagesse et d’espoir et MIEUX se réalise pour moi en partie. Mais chut, je n’en dirai pas plus… Il y a parfois de curieuses coïncidences…. et je m’en réjouis. Bien vu, Gatien !

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