La maison de mon nom – Houéfa

Le 3 mars 2016

paix dans le mondeSource de l’image

Jusque-là, mon nom d’auteur et celui sous lequel la plupart d’entre vous me connaissent est Patricia Grange.

Depuis que j’écris et publie mes textes, j’ai décidé que quoi qu’il se passerait dans ma vie personnelle, mon nom d’auteur serait et resterait celui sous lequel je suis née, celui sous lequel je mourrai : Grange.

Pour le prénom, je ne m’étais jamais vraiment posé la question. Sur mes documents d’identité, il y a quatre prénoms. Mon prénom usuel est Patricia, alors jusque-là, j’ai choisi Patricia comme prénom d’auteur.

Mais aujourd’hui, je tiens à ce que l’on sache, en voyant mon nom sur un ouvrage, que je ne suis pas que Française. Entendons-nous bien, pour moi, la nationalité, le pays de naissance, les origines n »ont aucun lien direct avec la façon dont on écrit. Pour moi, il n’y a pas d’écriture africaine, tout comme il n’y a pas d’écriture féminine. (Si vous êtes convaincus du contraire, merci de me donner une définition de ce que vous appelez « écriture africaine » ou « écriture féminine » ?) Mais tant qu’à apposer mon sceau sur un livre, autant que ce sceau me ressemble au plus près.

J’ai donc décidé aujourd’hui d’accoler un de mes trois autres prénoms à mon prénom Patricia. Mon nom d’auteur complet sera donc désormais Patricia Houéfa Grange. C’est celui qui figurera dès maintenant sur mes ouvrages, en signature de mes poèmes.

Pourquoi Houéfa ?

Ce n’est pas mon deuxième prénom, dans l’ordre de l’état civil, mais le troisième. Cependant, c’est celui que je préfère (en-dehors de Patricia), certainement parce qu’il a une jolie histoire.

En langue fon du Bénin, Houéfa signifie « la paix dans la maison ». Dans la tradition fon, Houéfa est le prénom que l’on donne à la première fille d’une fratrie. Pourtant, je ne suis pas la première fille de ma fratrie. Je suis la deuxième (et même la troisième en incluant le petit ange parti bien trop vite). Mais je suis née juste avant la fin des travaux de construction de la maison de mes parents. Ce prénom bénit donc tout autant ma naissance que la maison de mon enfance. En outre, je trouve que son sens est fort. D’autant qu’il est étroitement lié à la « mission » que je me suis donnée en tant que poète : tisser des liens grâce à mes mots, rapprocher les gens, favoriser la paix, être la paix dans la maison du monde. J’essaie.

J’écrirai et je serai donc désormais sur scène sous le nom de Patricia Houéfa Grange :

(faux pantoun)

Bébé fille dans les bras
goûter la paix de la maison.
Elle s’appellera Houéfa
ses vers refléteront son prénom.

paix 2



2 grains de pollen to “La maison de mon nom – Houéfa”

  1. Monique dit :

    Entièrement d’accord avec toi, Patricia Houéfa (c’est joli!) il n’y a pas d’écriture féminine. D’ailleurs je ne me revendique jamais comme femme mais comme humaine et… Monique. Je pense aussi comme toi que notre écriture n’est pas nationaliste, quelle que soit l’origine de l’écrivain. En revanche, lorsqu’on habite certaines régions du monde (surtout une île comme Haïti, les Antilles, la Réunion) qui constituent un monde clos, il se peut que les écrits soient marqués par l’identité particulière de l’écrivain. Mais je revendique avec toi notre mission de poète, tisser des liens grâce à nos mots.
    Qu’ils continuent de vibrer et de chanter où que nous soyons dans le monde!
    En tout cas voilà une belle question qui mérite certainement une belle réflexion. Merci à toi de l’avoir posée.

    • Mariposa dit :

      Merci à toi, Monique.
      Je pense que les écrits sont toujours marqués par l’identité de l’écrivain, qui n’appartient qu’à l’écrivain, qui lui est propre et singulière d’où qu’il vienne, où qu’il ait grandi, etc. Mais justement, je crois que ce qui construit notre identité, ce sont d’abord les expériences que nous vivons, pas forcément le pays dont nous sommes originaires. Une personne originaire d’un pays d’Afrique qui serait née et aurait grandi dans un pays asiatique serait certainement bien plus marquée par la culture de ce pays asiatique que par celle de son pays d’origine. A moins d’être entourée par une famille cultivant les traditions du pays d’origine. Mais alors, cette personne aurait une personnalité métissée, entre Afrique et Asie. Cela pourrait en effet se ressentir dans son travail créatif. Ou pas.
      Il y a des personnes dont l’oeuvre littéraire ne reflète pas les origines. Je prendrai l’exemple de Marie Ndiaye. Ce n’est que dans « Trois femmes puissantes », l’un de ses derniers ouvrages, qu’elle évoque l’Afrique, qui demeure une évocation. Elle ne se considère d’ailleurs pas vraiment comme Africaine car cette culture ne lui a pas été transmise. Elle parle de « métissage tronqué », de métissage dont elle n’a que les apparences.
      J’avais lu quelque part une phrase qui disait à peu près ceci : « Il faut arrêter de demander aux écrivains d’être les ambassadeurs de leur pays ». Je ne sais plus qui a dit ça. Je suis assez d’accord. Ecrire, c’est d’abord bâtir une oeuvre de création. Libre ensuite à celui/celle qui écrit, à travers ses mots, de se faire ambassadeur ou pas de son ou ses pays, culture(s), de ses racines.

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