Oraison

Le 14 décembre 2014

envol-de-l-ange

Il y a quelques jours, j’ai eu 35 ans. Et un ou deux jours avant cet anniversaire, une grâce m’a été donnée …

En effet, complètement par hasard, alors que je ne le cherchais pas, j’ai trouvé le texte que je souhaiterais avoir pour compagnon lorsque je m’envolerai définitivement de ce monde pour rejoindre l’autre.

Lorsque je m’en irai, je souhaite être incinérée. Cela fait longtemps que je le dis autour de moi. Et je souhaite que mes cendres soient dispersées pour moitié dans mon jardin (celui que j’habiterai au moment de mon décès) et pour l’autre moitié sur une plage à Ouidah au Bénin.

Et je souhaiterais qu’un texte poétique m’accompagne. Soit qu’on le brûle avec moi, soit qu’on le prononce en oraison funèbre en libérant mes cendres. Je n’avais pas encore trouvé ce texte. Pour être tout à fait sincère, je ne l’avais pas vraiment cherché encore non plus. Il y a quelques jours, c’est lui qui est venu à moi. Le voici :

fly

Do not stand at my grave and weep
I am not there; I do not sleep.
I am a thousand winds that blow,
I am the diamond glints on snow,
I am the sun on ripened grain,
I am the gentle autumn rain.
When you awaken in the morning’s hush
I am the swift uplifting rush
Of quiet birds in circled flight.
I am the soft stars that shine at night.
Do not stand at my grave and cry,
I am not there; I did not die.

Mary Elizabeth Frye

Traduction française :

Ne vous tenez pas devant ma tombe en pleurant.
Je n’y suis pas, je ne dors pas.
Je souffle dans le ciel tel un millier de vents,
Je suis l’éclat du diamant sur la neige,
Je suis la douce pluie d’automne,
Je suis les champs de blé.
Je suis le silence du matin,
Je suis dans la course gracieuse
Des magnifiques oiseaux qui volent,
Je suis l’éclat des étoiles dans la nuit.
Je suis dans chaque fleur qui s’épanouit,
Je suis dans une pièce tranquille.
Je suis dans chaque oiseau qui chante,
Je suis dans chaque belle chose.
Ne vous tenez pas devant ma tombe en pleurant,
Je n’y suis pas. Je vis encore.

Papillon

C’est exactement ainsi que j’envisage ce départ, ce changement de dimension que l’on appelle « Mort » et qui effraie tant la plupart des gens. Vous voulez savoir comment ce poème est arrivé à moi ? C’est assez drôle ! Cela s’est passé alors que je replongeais dans les premières saisons de Desperate Housewives ! C’est fou comme cet épisode ne m’avait pas du tout marquée la première fois que je l’ai vu, alors que cette fois-ci …

 

La poésie et l’émotion sont partout. Même là où on ne s’attend pas du tout à les rencontrer …

J’ai également découvert cette version japonaise du texte de Mary Elizabeth Frye, magistralement interprétée par le ténor Masafumi Akikawa :

Dans tous les cas, avoir rencontré ce texte m’a apaisée et entourée de sérénité par rapport à ce moment très important de ma vie que ce sera mon envol.

Je ne vous parle pas de tout cela juste pour vous raconter ma vie. Je vous le raconte tout d’abord pour partager ce très beau texte avec vous, mais aussi parce qu’il est lié à un projet en cours dont je vous parlerai bientôt.



3 grains de pollen to “Oraison”

  1. Monique dit :

    Tu es toujours surprenante, Patricia! Ce texte (vraiment très beau) et ces « dernières volontés » évoquées à 35 ans! Moi j’ai dû écrire tout un recueil de poèmes sur la mort avant de pouvoir l’envisager avec sérénité.
    Pour en revenir au texte de Elizabeth Frye, à cette continuité de la vie ainsi évoquée, à cette communion avec tout ce qui vit, je crois que c’est au haïku que j’en dois la révélation.
    En tout cas je suis heureuse d’avoir trouvé le temps de passer sur ton blog ce soir.

    • Mariposa dit :

      Merci Monique ! En fait, ces dernières volontés, je les ai longuement évoquées dans un recueil que j’ai écrit l’année de mes 29 ans, alors que je devais subir pour la toute première fois une intervention chirurgicale (bénigne) qui nécessitait une anesthésie générale. Et comme toi, une fois que ce recueil d’une cinquantaine de textes a été écrit, j’ai pu envisager tout cela encore plus sereinement qu’auparavant. Mais depuis toute petite, j’ai toujours considéré que la mort faisait partie de la vie et que les morts ne sont pas morts. Sûrement que la culture dans laquelle je suis née, empreinte d’occultisme, y est pour quelque chose … C’est ce recueil que j’ai décidé de reprendre, de retravailler pour en faire un projet de publication poétique.

    • Mariposa dit :

      Dans le même thème, il y a aussi ce très beau poème de Birago Diop, « Le souffle des ancêtres », que tu connais peut-être et qu’on peut lire ici : https://cequejaidanslatete.wordpress.com/2014/07/06/2208/

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