Dialogue amoureux avec Neruda

Le 7 février 2012

J’en ai déjà parlé ici, tous les derniers jeudi du mois une soirée poésie a lieu chez Paul’s Place aux Chartrons à Bordeaux. Au cours de ces soirées, on peut lire des poèmes, ceux qu’on écrit comme ceux qu’on aime et on peut venir aussi simplement écouter, rencontrer, échanger, puiser, se nourrir.

Le dernier jeudi du mois de janvier, pour ma participation, j’avais envie de faire vibrer des mots espagnols dans ce lieu totalement cosy British ! Et comme ces derniers temps, je relis de temps à autre « Veinte poemas de amor y una cancion desesperada » (« Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée ») de Pablo Neruda, j’ai décidé de partager cette lecture.

J’ai donc lu un des vingts poèmes d’amour en espagnol puis sa traduction en français. Et en parallèle, j’ai aussi lu un poème que j’ai pensé et écrit en espagnol puis non pas sa traduction mais son adaptation en français. Je vous propose donc de partager également avec vous cette lecture. Voici des enregistrements sonores des poèmes en espagnol suivis des textes en français.

Mariposa lit le Poema Uno de Pablo Neruda

I

Corps de femmes, blanches collines, cuisses blanches,
tu ressembles au monde dans ton attitude d’abandon.
Mon corps de laboureur sauvage te creuse
et fait jaillir le fils du fond de la terre.

Je fus seul comme un tunnel. Les oiseaux me fuyaient,
et en moi la nuit pénétrait de son invasion puissante.
Pour me survivre je t’ai forgée comme une arme,
comme une flèche à mon arc, comme une pierre à ma fronde.

Mais l’heure de la vengeance tombe à pic, et je t’aime.
Corps de peau, de mousse, de lait avide et ferme.
Ah les vases de la poitrine ! Ah les yeux de l’absence !
Ah les roses du pubis ! Ah ta voix lente et triste !

Corps de femme mienne, je persisterai en ta grâce.
Ma soif, mon désir sans bornes, mon chemin indécis !
Lits de rivières obscurs où la soif éternelle continue,
et la fatigue continue, et la douleur infinie.

Pablo Neruda

Extrait de « Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée »
Edition bilingue espagnol/français, Gallimard

Mariposa lit son poème « Murmura una lagrima »

Murmures d’une larme

Mon âme habite la brisure de ton absence …

Et je danse ! Oui je danse !
Je danse dans le frisson de ta peau de plumes
Je danse dans l’écho de tes rires dénudés
Je danse dans les ombres de tes baisers d’écume
Oui je danse !

Et je chante ! Oui je chante !
Je chante dans le sang chaleureux de ton bonheur
Je chante dans le miel de ta langue-caresse
Je chante dans le fantôme de ton amour dépouillé
Oui je chante !

Et je crie ! Oui je crie !
Je crie dans l’évanescence de tes yeux
Je crie dans la blancheur sèche de tes os
Je crie dans le verre brisé de tes lèvres
Oui je crie !

Et je pleure ! Oui je pleure !
Je pleure dans la blessure consumée de mon ventre
Je pleure dans la voix muette de mes sanglots
Je pleure dans le coeur sans sel des adieux
Oui je pleure !

Et mon âme habite la brisure de ton absence …

Mariposa
Extrait du « Florilège de la Saint-Valentin »
Anthologie recensée par Thierry Sajat, Editions Thierry Sajat

 



Envoyer un grain de pollen